"On ne ramènera pas le déficit à zéro avec des économies": pour le directeur des hôpitaux de Paris, il faut plus de recettes pour l'Assurance maladie

De nouvelles recettes, plus de prévention, une meilleure organisation et une réduction de la croissance du volume des soins... Le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) présente ses solutions pour réduire le déficit de l'Assurance maladie.

L'Assurance maladie ne parviendra pas à résorber son déficit actuel sans recettes supplémentaires, a estimé mardi 30 septembre le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et ancien directeur de l'Assurance maladie, Nicolas Revel.

Pour Nicolas Revel, la décision de revaloriser les salaires de l'hôpital public après le Covid (le Ségur de la santé) et "d'autres revalorisations dans la médecine de ville" ont "considérablement dégradé" l'équilibre de la branche maladie. Le déficit 2025 de la Sécurité sociale (toutes branches confondues) est prévu à 16 milliards d'euros.

"Quand vous mettez 15 milliards supplémentaires sur ces sujets de revalorisations salariales, et que vous mettez zéro recette en face, vous êtes en face d'un déficit fonctionnel, qu'il sera très compliqué de combler sans nouvelles recettes", a-t-il indiqué à l'occasion d'une soirée "Hôpitaux" organisée par l'hebdomadaire Le Point.

"Je ne crois pas une seconde qu'on ramènera le déficit à zéro avec des efforts d'économie", a-t-il ajouté.

"On est trop gentil"

Pour M. Revel, le retour à l'équilibre de l'Assurance maladie nécessitera, outre des recettes supplémentaires, de réduire la croissance du volume des soins, grâce à une meilleure organisation du système de santé.

"Il va falloir rentrer dans l'organisation des soins, dans les pratiques médicales, les sujets de prévention, de qualité, de qui fait quoi entre les hôpitaux et la médecine de ville", des domaines dans lesquels "la France n'est pas très bonne" et manque de "politique un peu forte, un peu prescriptive".

"On est, je pense, trop gentil en France avec les professionnels de santé, avec les établissements de santé, sur la manière dont ils s'organisent, dont ils pratiquent la médecine", a-t-il ajouté.

L'Assurance maladie est la principale source de déficit de la Sécurité sociale, qui fête samedi ses 80 ans sur fond d'inquiétude sur son financement.

MC avec AFP