"Le report n'est plus possible": la Cour des comptes préconise des efforts budgétaires "très exigeants" face à la dérive des comptes publics

Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, le 19 juin 2023 à Paris - JULIEN DE ROSA / AFP
La Cour des comptes a préconisé ce mercredi des efforts budgétaires "très exigeants" en France sur les prochaines années afin de maîtriser la dépense publique et "reprendre le contrôle" des finances publiques, très dégradées.
Après des années 2023 et 2024 "noires" marquées par d'importants dérapages budgétaires, la Cour des comptes estime dans un rapport à près de 105 milliards d'euros les efforts d'ajustement budgétaire nécessaires pour ramener le déficit public sous le seuil de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2029, comme l'ambitionne le gouvernement.
"Cette dérive budgétaire (...) est la conséquence d'une incapacité à maîtriser la dynamique de la dépense et plus encore à engager des efforts d'économies pérennes, ainsi que d'hypothèses trop favorables sur la croissance et les recettes", diagnostique-t-elle dans son rapport annuel sur les finances publiques. "Des ajustements budgétaires très exigeants sont donc dès à présent nécessaires, et à réaliser dès 2026", ajoute-t-elle.
"Aucune économie structurelle significative"
Pour réduire le déficit public à 5,4% du PIB en 2025 et 4,6% en 2026, le gouvernement a prévu un effort d'une cinquantaine de milliards d'euros cette année, et souhaite en faire 40 milliards d'euros d'effort en 2026. Le Premier ministre François Bayrou a promis de dévoiler une feuille de route budgétaire à la mi-juillet, avant la présentation du projet de budget dont l'examen à l'automne s'annonce périlleux pour la survie du gouvernement, minoritaire à l'Assemblée nationale.
Toutefois, selon la Cour des comptes, "des risques importants" subsistent en 2025, notamment une croissance affaiblie par la guerre commerciale américaine et les tensions géopolitiques, attendue à 0,6% par l'Insee et 0,7% par le gouvernement. Elle pointe aussi le caractère temporaire de près de la moitié des hausses d'impôt prévues cette année ainsi que des objectifs de maîtrise des dépenses "fragiles", ne reposant sur "aucune économie structurelle significative".
Pour les années suivantes, la trajectoire des finances publiques est jugée "tout aussi fragile", dans un contexte contraint par la volonté de la France de se réarmer et la hausse du coût de la dette, susceptible de devenir le premier poste de dépenses. Or "le report des efforts n'est plus possible", au risque de voir le ratio d'endettement de la France s'emballer d'ici 2029, alerte la Cour.
Dans leur réponse intégrée au rapport, les ministres de l'Economie, Eric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, ont réaffirmé que la maîtrise de la dépense est "au coeur de (leur) action".