Le gouverneur de la Banque de France plaide pour un déficit public "le plus proche possible de 5% du PIB" en 2025

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé mercredi le gouvernement à ramener le déficit public français à un niveau "le plus proche possible de 5% du PIB", via "des hausses d'impôts ciblées" mais surtout "des dépenses mieux maîtrisées". Un objectif "tout à fait crédible, si nous agissons", a-t-il ensuite lancé sur France 2, en dévoilant en outre la "bonne nouvelle" de la baisse des taux moyens des emprunts immobiliers, tombés "en-dessous des 3,4%" en novembre, chiffre que la Banque de France va publier bientôt.
"Il faut revenir cette année à un déficit le plus proche possible de 5% du PIB, et clairement inférieur à 5,5%. Et il faut aussi fixer un cap de moyen terme, celui de 3% de déficit en 2029", a déclaré François Villeroy de Galhau en présentant ses voeux.
"La première étape pourra comporter pour partie certaines hausses d'impôts ciblées; mais la seconde devra reposer essentiellement sur des dépenses mieux maîtrisées et plus efficaces, de l'État, mais aussi des collectivités locales et des administrations sociales", a-t-il ajouté.
Une prévision de croissance inférieure à 1%
Le gouvernement est engagé depuis lundi dans des discussions avec les forces politiques, menées par les ministres de l'Economie et des Comptes publics, pour les associer à un nouveau projet de budget de la France pour 2025, et ainsi éviter si possible une censure. Il souhaite un effort budgétaire d'environ 50 milliards d'euros cette année, principalement par le biais d'une réduction des dépenses publiques, afin de ramener le déficit public entre 5% et 5,5% du PIB, contre 6,1% attendus pour 2024.
Le gouvernement table par ailleurs sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,1%, mais cette prévision pourrait être révisée en baisse à 0,8%, selon le journal L'Opinion, une information que le ministère de l'Economie et des Finances n'a pas confirmée. La Banque de France prévoit elle une croissance de 0,9%. Malgré des "risques sur ce chiffre (...) à la baisse", "nous ne voyons pas aujourd'hui de récession", a souligné François Villeroy de Galhau.
"La reprise attendue devrait intervenir en 2026 et 2027 avec une croissance autour de 1,3% - sous réserve d'une diminution progressive des incertitudes cette année", a-t-il ajouté.
"Le redressement budgétaire ne pénalisera pas la croissance"
Réduire la dette et le déficit dans le cap fixé, "c'est tout à fait crédible si nous agissons", a-t-il lancé lors d'une interview au JT de France 2. "Je veux dire une conviction très forte, c'est que le redressement budgétaire ne pénalisera pas la croissance, au contraire. Parce que l'inquiétude sur la dette qui existe chez les Français entraîne un attentisme. Les entrepreneurs diffèrent leurs investissements et les ménages diffèrent leur consommation", a-t-il insisté sur France 2.
Il s'est enfin félicité de la "baisse forte" des taux des emprunts immobiliers. "Nous allons bientôt publier les chiffres de taux sur le mois de novembre : en moyenne les crédits immobiliers, qui étaient à plus de 4% il y a un an, en janvier 2024, en novembre ils sont tombés en moyenne en-dessous de 3,4%".
"D'ailleurs les Français recommencent à emprunter. C'est une bonne nouvelle pour un redémarrage progressif de l'immobilier", a conclu le gouverneur de la Banque de France.