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Finances publiques

La Chambre régionale des comptes veut que cette petite commune du Béarn augmente ses impôts de 163%

Impôt (illustration)

Impôt (illustration) - FRED TANNEAU / AFP

Dans la commune de Laàs des Pyrénées-Atlantiques, le budget municipal n'a pas été voté à l'équilibre. La Chambre régionale des comptes a proposé des mesures correctrices - dont une hausse des impôts à 163%. La commune refuse de plier.

Comme le relève Sud-Ouest, le temps n'est plus aux largesses budgétaires dans la commune de Laàs en Béarn. Préfet et Chambre régionale des comptes ont mis leur nez dans les affaires de cette commune de seulement de 138 habitants et souhaitent siffler la fin de la partie.

En juin dernier, saisie par le préfet des Pyrénnées-Atlantiques, la Chambre régionale des comptes a en effet rendu son verdict. Selon le rapport, la commune a présenté un budget déséquilibré sur sa section de fonctionnement, les dépenses s'élevant à 259.000 euros contre 204 000 euros pour les recettes (dont 101.529 euros de recettes fiscales). La section investissement est aussi en déséquilibre.

Or, présenter un budget en déséquilibre est interdit selon le code général des collectivités territoriales (art. 1612-4 du CGCT). En l'absence de budget exécutoire, la chambre régionale est habilitée à présenter des mesures correctrices. Et le soufflet tombe: parmi les mesures de redressement, elle doit augmenter les taux d'imposition de la fiscalité locale de 163%!

Une recommandation loin d'être au goût du maire, Jacques Pédehontaà. Cité par Sud Ouest, il déplore: "On fait le choix de ne pas augmenter la fiscalité car c’est la pire année pour les contribuables. La Communauté de communes du Béarn des Gaves les augmente de 30%, face à un trou abyssal. C’est déjà beaucoup…".

Le maire voit plutôt dans la cause de ses problèmes un solde de subvention de l'Etat à hauteur de 96.000 euros toujours non perçu. Le maire a également pu compter sur des généreux donateurs qui lui permettent d'éponger en partie les dettes.

Folie des grandeurs

Mais au-delà d'un budget déséquilibré, c'est la folie des grandeurs du maire qui est pointée du doigt. Pour une si petite commune, le maire voit les choses en grand. En 2011 déjà relevait the Times il avait déclaré la fondation d'une principauté autonome.

Comprendre: poste douanier, passeports, drapeau et même Constitution! Et les idées baroques ne s'arrêtent pas là, au-delà d'une fête du mais ou d'un festival de musique annuel, le maire a également transormé une ancienne église en cabaret. Le tout au prix d'une dette importante pour un si petit village - 959.000 euros de dettes au 31 décembre 2024 constate la rapport de la chambre régionale, soit quasiment 7.000 euros par habitant. A comparer à la dette moyenne des habitants du département - 759 euros par tête.

En 2023, le maire est visé par une plainte pour détournement de fonds publics et abus de confiance par l'association AC ! anticorruption.

Marine Landau