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Finances publiques

ÉDITO. Budget: 100 milliards de hausse des dépenses en deux ans

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François Bayrou a déclenché lundi son premier 49.3 sur le Budget 2025, qui sauf improbable censure du gouvernement, sera donc adopté dans les prochains jours. Loin de l'austérité dénoncée par La France insoumise, la dépense augmentera encore de 37 milliards en 2025.

S'il n’y avait qu’un chiffre à retenir du Budget 2025, ce serait celui-ci: 100 milliards d’euros. C'est l'augmentation de la dépense publique sur deux ans (+67 milliards en 2024 et +37 milliards cette année).

Si nos dépenses étaient dûment financées par l'impôt comme elles devraient l'être, cela représenterait 2.550 euros d’impôts supplémentaires par foyer français. C’est ça la vraie facture de notre incapacité à tenir la dépense. 2.550 euros d’impôt en plus pour chacun des 41 millions de foyers français.

La bonne nouvelle, c’est que vous n’aurez pas à payer la facture, en tout cas pas tout de suite, puisque nous vivons à crédit. Les générations futures paieront!

Mais ou passe tout cet argent?

L’État est assez sobre (+18 milliards en deux ans) et ne représente que 17% de cette hausse. Les collectivités locales, c'est presque le double (28%) avec 30 milliards de hausse des dépenses en 2024/2025.

Comme d’habitude, c’est le social qui est le gros moteur de l’augmentation de la dépense: +57 milliards en deux ans (55% de la hausse). Et au sein des dépenses de Sécurité sociale, qu’est-ce qui coûte le plus cher? Les retraites: 30 milliards de hausse en deux ans.

Des retraites qui pèsent lourd sur les actifs...

En France, 55% de la protection sociale est financée par des cotisations qui reposent sur le travail. Sauf qu’on avait 4 actifs pour un retraité durant les Trente glorieuses, et qu’on n’en a plus que 1,7 aujourd’hui.

Il est grand temps à la fois de baisser les dépenses sociales et de diversifier les sources de financement. Sinon le risque, c’est d’asphyxier le travail. On a besoin de retrouver la certitude que le travail paye, que l’amélioration du pouvoir d’avoir est directement lié au travail, pas aux prestations sociales.

L’Edito de Raphaël Legendre : L'heure des comptes a sonné - 04/02
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Ce système abouti à des aberrations. Aujourd’hui, pour augmenter le reste à vivre de 100 euros d’une personne seule, locataire, au Smic, avec deux enfants, l’employeur doit débourser... 770 euros! C’est du délire.

Pour garder des salaires compétitifs dans le bas de la grille, on doit dépenser 80 milliards d’allègements de charges et ajouter 10 milliards d’euros de prime d’activité pour atteindre un salaire décent. On marche sur la tête.

Antoine Foucher, l'ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud au ministère du Travail, a lancé le débat en proposant des solutions innovantes dans son dernier ouvrage, Sortir du travail qui ne paye plus (éditions de l'Aube). D’autres y réfléchissent en vue de 2027. Commençons à y réfléchir dès aujourd'hui. Et pourquoi pas à partir du 19 février au sein du conclave sur les retraites.

Raphaël Legendre