Déficit: Elisabeth Borne assure avoir "pleinement porté la volonté de maîtriser nos dépenses publiques"

L'ESSENTIEL
- Une semaine après son successeur à Matignon Gabriel Attal, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne a été auditionnée vendredi après-midi dans le cadre d'une mission d'information sur la dérive des comptes publics. Lire l'article
- L'ancienne Première ministre Elisabeth Borne a reconnu avoir été "alertée" fin 2023 sur le "caractère critique" de la situation budgétaire, mais a estimé avoir "pris (sa) part" dans la maîtrise des comptes publics.
- Après cette dernière audition, le Sénat rendra ses conclusions dans les prochains jours, avant le lancement d'une commission d'enquête sur le même sujet à l'Assemblée nationale.
Ce direct est désormais terminé
Ce live consacré à l'audition de l'ancienne cheffe du gouvernement Elisabeth Borne devant la commission des Finances du Sénat est désormais terminé. Merci de l'avoir suivi.
Elisabeth Borne invite "à se poser la question de la qualité des emplois créés"
Interrogée sur les sources des écarts de recettes par le sénateur Vincent Capo-Canellas, Elisabeth Borne estime que le sujet "mérite qu'on se penche sur le caractère pérenne ou ponctuel" de ces écarts.
Selon elle, la fluctuation des recettes issues de l'impôt sur les sociétés est en lien avec les dispositifs d'allègement de charges qui vont partie des discussions autour du projet de loi de financement de la sécurité sociale : "Nos systèmes de prime d'activité et d'allègement de charge peuvent créer des trappes à bas salaires et dissuader de créer des emplois mieux qualifiés et mieux rémunérateurs."
"On a à se poser la question de la qualité des emplois qu'on crée. Je pense que ça va de pair avec la stratégie de réindustrialisation."
Elisabeth Borne souhaite "des progrès sur l'évaluation de l'efficacité des dépenses publiques"
Au cours de son audition devant les sénateurs réunis en commission, l'ancienne locataire de Matignon s'est dite favorable à ce que "le Parlement ait plus de moyens pour apprécier l'efficacité des dépenses publiques." "Je ne comprends pas pourquoi on dépense 65 milliards d'euros de plus dans la santé en 2024 qu'en 2017 alors que nos concitoyens n'ont pas l'impression d'être mieux soignés", cite-t-elle en exemple.
"Je pense qu'on a des progrès à faire sur l'évaluation de l'efficacité des dépenses publiques."
"Ce n'est pas par plaisir qu'on porte une réforme des retraites", insiste Elisabeth Borne
L'ancienne Première ministre réfute les soupçons selon lesquels sont gouvernement "aurait renoncé à trouver des économies" en ayant "pensé qu'on avait durablement des recettes élevées" : "C'est oublier une réforme des retraites que j'ai portée pour dégager des recettes."
"Ce n'est pas par plaisir qu'on porte trois réformes de l'assurance-chômage, ce n'est pas par plaisir qu'on porte une réforme des retraites dont on peut dire qu'elle n'a pas été populaire."
Elisabeth Borne "ne s'explique pas" l'écart significatif sur les recettes de l'Etat en 2023
Alors que d'autres indicateurs comme la croissance ou les dépenses étaient conformes aux prévisions, l'ancienne cheffe du gouvernement s'étonne du dérapage de 20 milliards d'euros des recettes survenu en 2023. "La croissance pour 2023 est au niveau de ce qui avait été prévue", souligne-t-elle.
"La croissance est au rendez-vous, les dépenses sont tenues et les recettes sont en écart significatif pour une raison que je ne m'explique pas. Je ne sais pas vous dire si ce sont des sujets de trésorerie."
Pour Elisabeth Borne, "les calculs des recettes ne relèvent pas du gouvernement"
L'ancienne Première ministre continue de mettre en avant son bilan en matière de gestion des dépenses. "Ce qu'on attend du gouvernement est qu'il prenne des mesures pour maîtriser les dépenses [...] Je note que les revues de dépenses conduites sous mon autorité sont celles qui ont permis des économies dans le projet de loi de finances 2024 et dans le PLF 2025."
"En général, les calculs sur les recettes ne relèvent pas du gouvernement. Ma compréhension est que les alertes interviennent au mois de décembre dans le cadre d'une note des services recommandant au ministre de ne pas communiquer compte tenu de l'incertitude."
Elisabeth Borne rappelle que "les dépenses ont été tenues et sécurisées"
Si les prévisions des recettes ont fait défaut, l'ancienne locataire de Matignon insiste sur la maîtrise du volet des dépenses : "Les dépenses ont été tenues et sécurisées par un décret qui a annulé de l'ordre de 5 milliards d'euros en septembre."
"En général, vous faites confiance à vos services dans l'évaluation des recettes [...] J'ai compris qu'ils ont plutôt conseillé au ministre [de l'Economie] d'attendre février pour avoir des prévisions robustes sur les recettes."
Borne indique avoir été alertée mi-décembre 2023 "sur un éventuel non-respect de l'objectif de recettes"
L'ancienne cheffe du gouvernement donne quelques précisions sur le calendrier : "J'ai été alertée mi-décembre sur les questions que se posaient les services du ministère de l'Economie sur un éventuel non-respect de l'objectif de recettes inscrit dans la loi de finances."
"Ce n'est pas habituel d'avoir des écarts de cet ordre-là. Je m'étais attachée à sécuriser les dépenses."
Elle explique que le délai d'intervention était trop court en raison du 49.3 final pour le projet de loi de finances 2024 qui est survenu dès le 20 décembre 2023. "Ce qu'on a fait pour se prémunir d'une moindre recette, c'est se donner la possibilité par voie réglementaire de lever une recette complémentaire : augmenter la TICFE pour un montant de 5 milliards d'euros."
Elisabeth Borne assure avoir "pleinement porté la volonté de maîtriser nos dépenses publiques"
Dans son propos introductif, l'ancienne Première ministre est revenue sur certaines réformes structurelles de son gouvernement comme celle des retraites ou encore la création de France Travail. "J'ai pleinement porté la volonté de maîtriser nos dépenses publiques avec la création de France Travail ou encore la réforme des retraites", indique-t-elle.
"Ces réformes structurelles génèrent une économie de l'ordre de 30 milliards d'euros à l'horizon 2030."
Elisabeth Borne face aux sénateurs
Bonjour et bienvenue dans ce live consacré à l'audition d'Elisabeth Borne devant la mission d'information sur le dérapage des finances publiques au Sénat. L'ancienne cheffe du gouvernement est entendue à partir de 15 heures.