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Faut-il réindexer les pensions de retraite sur l'inflation?

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Le délégué général de La République en marche Stanislas Guérini a suggéré de réindexer le montant des petites retraites sur l'inflation alors que le gouvernement a décidé d'y mettre fin l'an dernier en limitant à 0,3% la hausse des pensions en 2019.

La fin du grand débat approche à grands pas. L’occasion pour la majorité de livrer ses premières conclusions. Dès dimanche, La République en marche a présenté à Chartres ses contributions en proposant notamment la réindexation des retraites sur l’inflation pour les pensions les plus modestes. "Je crois vraiment que c’est une décision sur laquelle nous pourrions revenir dès le prochain budget", a expliqué le délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guérini.

Mettre fin à la sous-indexation des retraites obligerait le gouvernement à faire volte-face après avoir décidé de limiter à 0,3% la revalorisation des pensions en 2019. Soit bien en deçà de l’inflation qui s’est établie à 1,8% en 2018. Grâce à cette mesure, l’exécutif espère récupérer au moins 1,8 milliard d’euros. Cette sous-indexation qui, couplée à la hausse de la CSG, a provoqué la colère des retraités est censée se poursuivre en 2020 et 2021.

Reste à savoir ce que le parti présidentiel entend par "pensions les plus modestes". "C’est quoi un modeste? C’est 1200? 1600? 2000 euros?", s’interroge sur RMC Christian Bourreau, vice-président de la Confédération française des retraités. Avant de demander "l’indexation sur l’inflation" de toutes les pensions, "de manière à maintenir le niveau de vie et le pouvoir d’achat des retraités".

1389 euros bruts par mois

La France compte aujourd’hui plus de 16 millions de retraités dont la pension moyenne est de 1389 euros bruts mensuels, selon la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques du ministère de la Santé (DREES). Par ailleurs, le niveau de vie médian des retraités français (pension + autres revenus) est de 1760 euros par mois. C’est plus que celui de l’ensemble de la population (1690 euros). En 2017, l’OCDE s’appuyait de son côté sur le revenu moyen des retraités, lui aussi plus élevé que celui de l’ensemble de la population, ce qui place l’Hexagone dans "une position quasi-unique", expliquait l’organisation.

Mais la tendance pourrait s’inverser d’ici les prochaines années, prédit un rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR). Celui-ci estime que les revenus nets d’activité augmenteront de 73 à 144% en 2070 par rapport à 2016, contre 32 à 51% pour la pension nette moyenne.

Et pour cause, alors que les pensions de retraite étaient indexées sur l’inflation depuis 1987 en France, les prix ont eu tendance à augmenter moins vite que les salaires, d'où la réduction de l'écart de niveau de vie par rapport au reste de la population. Ces mêmes pensions ont également été gelées à plusieurs reprises. Ce fut notamment le cas entre 2014 et 2016, le gouvernement Ayrault ayant à l’époque justifié cette décision par une inflation quasi-nulle (0,5% et 0,2%).

Vers une indexation sur les salaires?

Faut-il dès lors préférer une indexation des pensions sur le salaire moyen pour rendre la revalorisation moins dépendante de la croissance? Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, s’est dit plutôt favorable à ce système utilisé avant 1987 et encore en place dans plusieurs pays européens. Il estime en effet que l’indexation sur l’inflation "peut être un facteur d’iniquité" et indique qu’une revalorisation en fonction des salaires "permettrait de maintenir constant le rythme d’acquisition des droits au cours de la carrière pour un individu moyen".

Ce nouveau système de revalorisation risquerait néanmoins de coûter encore plus cher alors que les pensions de vieillesse et de survie constituent le aujourd'hui premier poste de dépense sociale avec 308 milliards d’euros de dépenses annuelles.

Paul Louis