Face au manque de places et de personnel, les maires réclament plus de moyens pour les crèches

Les maires veulent peser dans la petite enfance. L'Association des Maires de France (AMF) s'est épanchée, dans une lettre adressée aux présidents des conseils régionaux, sur les dysfonctionnements de la filière, exposée à un manque de moyens humains et financiers. Elle pointe notamment l'importance des communes dans la gestion des crèches.
Les communes et leur intercommunalité sont gestionnaires de près de 70% des établissements d’accueil du jeune enfant implantés sur le territoire. De plus, elles soutiennent les acteurs associatifs et les acteurs privés à but lucratif par des subventions ou des réservations de places qui sécurisent l’équilibre financier des structures.
Le groupe de travail de l'AMF rappelle aussi qu'au "printemps 2020, l’accueil d’urgence pour les familles des professionnels dits "prioritaires" a été assuré par les communes et intercommunalité", générant au passage des conséquences financières et sur les professionnels de la petite enfance.
Face à ce constat, les deux co-présidents du groupe, Clotilde Robin (adjointe au maire de Roanne) et Xavier Madelaine, maire d’Amfreville (14), appuient la nécessité de mieux insérer les maires dans la gouvernance de la filière. Ils réclament ainsi de pouvoir participer au conseil d'administration de la CNAF (Caisse nationale d’allocations familiales) et à la définition des objectifs de créations de places dont elle a la charge. Ils veulent aussi "plus de souplesse", et une refonte du modèle de financement des crèches.
Répondre aux besoins en main d'oeuvre
Sur le volet financier, les maires souhaitent se voir indemnisés pour "l'ensemble des dépenses induites par la mise en oeuvre de cette compétence nouvelle", en plus d'une autre revendication majeure :
La résorption des difficultés de recrutement dans un contexte de pénurie de professionnels de la petite enfance, ce point étant identifié par les maires comme le premier frein à la création de places d’accueil."
Cette pénurie de main d'oeuvre, l'AMF appelle à la résorber via le développement de nouvelles filières de formation, calibrées spécifiquement dans les zones sous tension.
Autre mesure proposée, la mise en place d'un "plan métier de la petite enfance", pour créer des passerelles entre les différents métiers "aujourd’hui trop cloisonnés". Ce, alors que comme le souligne la lettre, auxiliaires de puériculture et éducateurs de jeunes enfants ont été récemment revalorisés par le Ségur de la santé.
Avant un "service public de la petite enfance"
Cette missive postule la refonte prochaine - et déjà en partie effective - de la gouvernance de la filière. En mars, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) avait été saisi par Matignon pour plancher sur un futur "service public d'accueil de la petite enfance".
Dans ses préconisations principales, le CESE souhaitait notamment placer les communes "en chef de file", alors que la création de places en crèches, via les Conventions d'objectifs de gestion (COG) négociées avec l'Etat, "obéit à une mécanique complexe qui nécessite un engrenage vertueux de plusieurs acteurs soumis à des contraintes, des temporalités et des objectifs éventuellement différents".
Cette refonte de la gouvernance est l'une des promesses du candidat Macron, et devrait être confiée à Charlotte Caubel, nommée fin mai Secrétaire d'Etat à l'Enfance à la place d'Adrien Taquet.
Dans sa dernière COG, la CNAF avait fixé des objectifs ambitieux pour répondre à la pénurie de places en crèche, sans les atteindre. Alors que sur la période 2018-2022, 30.000 places devaient être ouvertes, seules 40% d'entre elles ont effectivement été créées. L'offre d'accueil s'établit aujourd'hui en France à 59,8 places à peine pour 100 enfants de moins de 3 ans.