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Comment s'explique la baisse des dépenses contraintes des Français

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En un an, selon l'institut CSA, le montant moyen des dépenses incontournables et récurrentes des Français (logement, transports, chauffage, internet, assurances...) a baissé de 5%. Quels sont les postes qui ont le plus baissé et pourquoi?

Contrairement à ce qu’on entend encore souvent, les dépenses contraintes des Français ont baissé par rapport à l’année dernière. Telle est la première conclusion de la dernière enquête de l’institut CSA Research pour le comparateur d’assurance en ligne les furets.

Pour mieux comprendre les résultats de cette enquête, il convient de rappeler la définition des dépenses contraintes: c’est le coût du logement (y compris les mensualités d’un prêt immobilier), des autres emprunts, par exemple le crédit pour l’achat d’une voiture, les dépenses de transport, les factures de chauffage et d’électricité, les abonnements téléphone et internet et, enfin, les primes d’assurances.

Une baisse moyenne de 5% sur un an

En moyenne, ces dépenses s’élèvent, selon cette enquête, à 1.133 euros par mois, soit 62 euros de plus que l’année dernière à la même époque. Comment explique-t-on cette baisse?

D’abord par les prix de l’immobilier, qui ont globalement baissé. Mais surtout parce que parmi les locataires souhaitant devenir propriétaire, ceux qui ont pu financer leur projet sont moins nombreux qu’il y a un an. Or en moyenne, pour un bien équivalent, les mensualités d’un crédit sont plus élevées qu’un loyer. D’où cette baisse de la dépense moyenne pour le logement.

Autre poste en baisse: les mensualités des crédits à la consommation. Et là, encore ce n’est pas parce que les taux sont devenus plus abordables -au contraire ils ont augmenté- mais parce ce que les banques en ont moins accordés, réduisant de facto la moyenne des mensualités remboursées par les Français.

Des dépenses contraintes correspondant en moyenne à 35% du revenu net

Cette baisse de 62 euros par mois des dépenses contraintes n’a certes pas permis de retrouver le niveau moyen mesuré par l’institut CSA en octobre 2022 (1.095 euros mensuel). Mais entre-temps le salaire moyen de même que les retraites des Français ont augmenté. De sorte que la part des dépenses contraintes dans le revenu net moyen est revenue à 35%, son niveau d’il y a un an et demi.

Sans doute, un certain nombre de Français ne se retrouveront pas dans ces chiffres. Rien de plus normal. Le propre des moyennes est de donner une tendance, de mesurer une évolution, pas de refléter la situation personnelle de chacun. C’est d’autant plus vrai avec les dépenses contraintes, dont l’importance par rapport aux revenus dépend énormément du nombre de personnes vivant sous le même toit.

La moyenne pour un couple sans enfant se limite à 29% alors que pour un couple avec deux enfants, elle passe à 42% et se rapproche même de la moitié (46%) pour une personne qui vit seule. L’endroit où l’on habite joue également un grand rôle, du fait de l’importance des dépenses de logement.

A Vannes, le loyer des studios en hausse de 12%

Ce critère est d’autant plus important à prendre en compte, que selon les derniers chiffres de l’évolution des loyers en France, les locations de studio coûtent nettement plus cher aujourd’hui que l’année dernière dans un certain nombre de villes. Avec des hausses qui, selon l'observatoire Clameur, vont de +7% à +12%.

Cette envolée du coût des logements privilégiés par les personnes seules concerne des communes (Vannes, Lorient, Nice, Saint-Malo, La Rochelle...) qui ont toutes en commun d’être située en bord de mer, autrement dit, là où le mètre carré a le plus augmenté ces dernières années. Une hausse du prix d’achat des logements ayant pour origine le nombre grandissant de Franciliens et plus largement d’habitants des grandes villes non côtières ayant acheté en bord de mer.

Cet engouement, accentué par la crise du Covid, a fait monter les prix empêchant les jeunes de ces villes du littoral de devenir propriétaires. La demande pour des studios en location a fortement crû entraînant cette hausse des prix des loyers. De sorte que pour ces célibataires-là les dépenses contraintes n'ont évidemment pas baissé mais, à l’inverse, augmenté.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco