"Ce n'est plus tenable": Michelin pointe la concurrence pour justifier ses fermetures d'usines

Michelin continue d'exporter plus qu'il n'importe depuis l'Europe, mais subit la concurrence des pneus chinois, ainsi que les coûts de l'énergie et des salaires. C'est, en substance, le message délivré par son PDG Florent Menegaux mercredi, lors d'une audition au Sénat. Il était appelé à justifier deux fermetures d'usines en France.
"Ce n'est plus tenable (…) on a une hyper-concurrence, des surcapacités massives" dans les usines, a lancé Florent Menegaux devant la Commission des affaires économiques du Sénat.
Depuis 2019, entre la hausse des coûts de l'énergie et l'inflation qui "s'est retraduite dans les salaires", il est devenu globalement "deux fois plus cher" de produire des pneus en Europe qu'en Asie.
"Pour maintenir notre outil industriel en Europe, il faut qu'on ait un outil ramassé, hyper productif (...). Il faut qu'on investisse massivement dans la robotisation", a expliqué Florent Menegaux.
Le site le plus cher au monde
Le groupe a ainsi annoncé fin 2024 la fermeture de deux usines, à Vannes (Morbihan) et Cholet (Maine-et-Loire), où travaillent 1.254 personnes. Certains d'entre eux manifestaient mercredi à Paris à l'appel de la CGT.
Cholet était le site du groupe "le plus cher du monde pour fabriquer des pneus de camionnette", selon Florent Menegaux.
Vannes (Morbihan), qui fabrique des renforts métalliques des pneus pour poids lourd -un marché en crise- a été sacrifié plutôt que l'usine de Golbey (Vosges) car "le bassin d'emploi du Morbihan était beaucoup plus actif et dynamique". Si le groupe a son siège et de nombreuses activités de recherche dans l'Hexagone, "nos activités de production en France perdent de l'argent", a souligné le PDG.
"En France, il n'y a pas beaucoup d'autres solutions que d'aller dans le haut de gamme."
L'usine de pneumatiques agricoles de Troyes est par ailleurs concurrencée par "un concurrent indien qui produit en Inde et exporte massivement en France", tandis que l'Inde a interdit les importations de pneus. "Et on laisse faire! C'est ce type de choses là qu'il faut (résoudre)", a souligné Florent Menegaux.
Si la France a des "atouts formidables" avec "une infrastructure remarquable, une électricité décarbonée d'ampleur, un peu trop chère mais disponible, des personnes bien formées, un tissu industriel préexistant", le patron de Michelin a répété que l'industrie avait "besoin de stabilité réglementaire, fiscale, environnementale".