Budget: Amélie de Montchalin va lancer une nouvelle méthode de concertation

"La formule est simple: alerte, transparence, anticipation." Amélie de Montchalin veut prendre de bonnes résolutions dans la gestion du budget, et évoque dans une interview donnée à La Tribune Dimanche la nouvelle méthode mise en place par Bercy pour éviter de répéter le scénario noir de 2023 et 2024 - deux déficits dérapant du fait d'erreurs de calcul et d'apathies politiques.
Elle présentera lundi, aux côtés de son collègue de l'Economie Eric Lombard, un plan d'action pour améliorer le pilotage des finances publiques et veiller à ce que l'objectif d'un déficit à 5,4% du PIB cette année soit tenu. Avec un premier levier : associer les parlementaires régulièrement, tous les trois mois.
"Trois fois dans l'année - la première sera début avril, la deuxième juste avant l'été, la dernière à l'automne - nous allons ainsi convier les parlementaires dans le cadre d'une nouvelle structure d'alerte, à laquelle participeront les ministres concernés, les collectivités, les acteurs de la sphère sociale, pour mettre sur la table l'état précis des recettes et des dépenses à l'instant t et prendre des mesures de correction si celles-ci s'imposent", a expliqué la ministre.
Autre point important, l'ouverture d'une "grande conversation" avec les Français, "sur notre notation et nos finances". Le but étant de "partager un diagnostic, répondre aux idées reçues, voire aux fake news".
"Aujourd'hui, nos concitoyens voient les finances publiques comme une matière incompréhensible. Ils ont le sentiment que les budgets se préparent dans leur dos, que les décisions difficiles se prennent sans eux, mais que ce sont eux qui paient" a-t-elle continué.
Niches fiscales et budget de la Sécu
Dans le même entretien, Amélie de Montchalin a confirmé deux pistes d'économies: d'une part, elle souhaite aplanir les niches fiscales en supprimant notamment celles qui ne touchent qu'un petit nombre de ménages. "Il faut rendre le système plus lisible et plus lisible", clame la ministre des Comptes publics. Elle confirme en outre - tout comme Eric Lombard ce dimanche - que la contribution exceptionnelle des entreprises ne serait pas reconduite l'année prochaine.
Concernant les pistes pour équilibrer le budget, elle insiste sur le déficit de la Sécurité sociale, pointé à 22 milliards d'euros en 2025, contre 18 milliards d'euros en 2024. Plusieurs pistes, comme le prix des médicaments (qui pourraient donc augmenter pour les usagers), les transports sanitaires - le Sénat vient de serrer la vis sur les taxis pour malades - ou l'efficience de l'organisation de santé, sont évoqués.
"La santé est clairement le domaine qui nécessite le plus de réflexion sur son financement, son organisation et la prévention. Juste avant le Covid, la Sécurité sociale était à l'équilibre. Ce n'était pas il y a dix ou vingt ans, c'était il y a cinq ans !", a-t-elle évoqué.
Pour rappel, la Sécurité sociale n'est pas - et loin s'en faut - le principal souci des finances publiques. En 2024, si son déficit a bien été évalué à 18 milliards, il a surtout été mal anticipé (10 milliards d'euros étaient prévus). En outre, il manquait dix fois plus d'argent - 175 milliards d'euros selon la Cour des Comptes - dans les caisses de l'Etat.