BFM Business
Economie et Social

Arrêter d'indemniser à 100% les travailleurs grippés qui refusent le vaccin? Le Medef lance cette idée (et ça ne va pas plaire aux antivax)

placeholder video
En marge de la centaine de propositions présentée ce mercredi 9 juillet pour redresser les comptes de la Sécu, le Medef invite à la réflexion en matière d'indemnisation des travailleurs qui refusent de se faire vacciner contre la grippe.

L'air de rien, le Medef jette un pavé dans la mare. Alors que l'organisation patronale a présenté une centaine de propositions visant à réduire les dépenses de santé en vue du prochain Budget de la Sécu pour 2026, son vice-président, Yves Laqueille s'est attaqué aux salariés qui refusent "délibérément" de se faire vacciner contre la grippe.

"Se faire vacciner contre la grippe participe à la santé publique. C'est un exercice collectif que nous faisons pour protéger les autres. Nous posons la question de dire qu'il ne faut pas s'interroger, une fois passée cette crise antivax, qu'on sera revenu dans le pays de Pasteur, quand une personne a décidé délibérément de ne pas participer à l'exercice de protection de santé publique, est-il normal que la totalité de sa rémunération soit assumée par l'Assurance maladie et son employeur?", a-t-il argumenté.

Et pour cause: d'après les chiffres de Santé publique France, le taux de couverture vaccinale contre la grippe saisonnière demeure trop bas dans l'Hexagone. Tous âges confondus, il s'élevait à 47,7% durant la saison 2023-2024, retombant au niveau d'avant la crise sanitaire liée au Covid-19 après avoir légèrement dépassé le seuil symbolique des 50% pendant les hivers 2021-2021, 2021-2022 et 2022-2023.

Généraliser la vaccination en entreprise

A ce jour, la vaccination contre la grippe n'est recommandée qu'aux soignants et professionnels en contact régulier avec des personnes à risque de contracter une forme grave de cette infection respiratoire d'origine virale.

Parmi ses recommandations, le Medef s'en tient, pour l'instant officiellement, à encourager les pouvoirs publics à "généraliser la vaccination en entrerpsie, notamment pour la grippe" et "engager une réflexion sur les incitations à prévoir auprès des salariés et prévoir la prise en charge à 100% par l'assurance-maladie obligatoire des vaccins importants ciblés par des campagnes nationales".

D'après les chiffres avancés par l'organisation patronale, inciter plus massivement les salariés à se faire vacciner représente un "retour sur investissement [...] particulièrement visible dans trois domaines : la réduction des coûts cachés comme les remplacements, formations et heures supplémentaires, l'amélioration de la qualité de vie au travail - 67% des salariés se disent a priori plus sereins lorsque l'entreprise mène une campagne de prévention contre la grippe -, et l'attractivité des entreprises, un "critère décisif pour 42% des candidats".

Ce n'est que dans un second temps que que le Medef invite à une réflexion "pour aller jusqu'à moduler la prise en charge des indemnités journalières et des compléments de salaire". L'organisation patronale affirme que la vaccination en entreprise divise, en moyenne, le taux d'absentéisme par 2,4 avec 4,6 jours non travaillés en moins. Il n'empêche que le débat visant à sanctionner les salariés récalcitrants à se faire vacciner contre la grippe en indemnisant moins, voire plus du tout, leurs arrêts de travail risque de faire des remous: "Nous mettons le sujet en discussion mais ce n'est peut-être pas pour demain", a reconnu Yves Laqueille.

Caroline Robin