Après un mois de déconfinement, l’économie française toujours en convalescence
Mais comment et à quel rythme l’économie française redémarre-t-elle après deux mois de mise à l’arrêt forcés pour endiguer l’épidémie de Covid 19? C’est ce que nous mesurons chaque semaine avec ce tableau de bord du déconfinement.
Un tableau de bord composé d’une trentaine d’indicateurs existant sur une base hebdomadaire voire quotidienne, qui concernent tous les secteurs de l’industrie, des services, du commerce, qui concernent aussi l’emploi, la confiance des ménages et des entreprises, qui sont publics ou qui nous sont fournis en exclusivité.
D’abord le point de départ : si l’on en croit l’Insee le creux de l’activité a été atteint dans la deuxième quinzaine de mars, avec un rythme d’activité correspondant à 63% seulement du rythme normal.
Il y a bien eu un effet accélérateur consécutif à la première étape du déconfinement le 11 mai. Le vendredi 15, notre tableau de bord indiquait déjà une remontée en puissance à hauteur de 75% des capacités habituelles. Deux semaines plus tard, le 29 mai, l’économie française tournait à 80% de ses capacités.
La consommation s'essouffle déjà
Avec la deuxième étape du déconfinement le 2 juin, la normalisation de la marche des affaires s’est accélérée, et "le taux d’utilisation des capacités de production de l’entreprise France" est repassé au dessus des 85%.
Cette semaine, l’économie française a repris son souffle. D’abord du côté de la consommation, l’effet de rattrapage qui s’est produit dans plusieurs secteurs s’épuise. Dans les instituts de beauté, par exemple, nous dit la Fintech SumUp, l’activité est retombée cette semaine à 26% de son niveau d’avant crise, alors qu’elle avait retrouvé ce niveau la semaine dernière.
D’autres magasins connaissent toujours une fréquentation soutenue mais qui plafonne: alimentation, jardinerie, animalerie, sport. Dans les concessions automobiles, c’est bien reparti mais ça s’est un peu calmé cette semaine, nous dit 3A data.
La production n'accélère pas
Trois secteurs continuent quand même leur remontée en régime: les loisirs, avec une fréquentation de 74% contre 60% du niveau habituel cette semaine nous dit Google Mobility ; la mode, et bien sûr les cafés restaurants. Le baromètre Payment Data de la fintech CDLK est très intéressant à cet égard: la clientèle a répondu présent, mais les contraintes sanitaires sont telles que la fréquentation n’atteint encore que 55% d’une semaine normale contre 26% début mai.
Côté production, on ne peut pas dire que les cadences se soient spectaculairement accélérées cette semaine, avec une production d’électricité stagnante par rapport à la semaine précédente. Alors que les usines sont à nouveau en ordre de marche, autant que dans des pays qui ont déjà déconfinés comme les Pays bas, en témoigne le taux de joignabilité des dirigeants mesuré par IbanFirst.
La meilleure nouvelle de la semaine, elle nous vient du marché publicitaire. Le nombre de spots diffusés à la télé n’est plus inférieur que de 32% à une semaine normale, contre 67% pendant tout le confinement.
La fréquentation des transports en commun ne remonte pas
Entre la production, et la vente, il y a la logistique. L’évolution confirme le sentiment de répit que s’accorde l’économie française puisque cette semaine, le nombre de transports effectués est retombé 12% en dessous de son niveau d’avant crise, alors qu’on était au dessus les deux semaines précédentes. On était à 50% de moins fin mars début avril selon l’indice Winfret de l’éditeur de logiciel de transport Abacom.
La fréquentation des transports en commun ne remonte de son côté que doucement dans les grandes villes françaises, selon Moovit: un peu moins de 50% du trafic habituel, contre 35% mi-mai et 10 à 20% seulement pendant le confinement.
Du côté du marché du travail, les candidatures augmentent beaucoup plus vite que les offres d’emploi. Les recherches de postes étaient ainsi supérieures de 45% cette semaine au niveau de février, nous dit Indeed,
Alors que le nombre de postes proposés augmente lui aussi mais plus lentement, mais on reste 10% en dessous du niveau de début d’année nous dit Hellowork. La tendance est exactement la même sur le marché de l’intérim nous dit Qapa, avec un rebond quand même encourageant des recrutements dans l’hôtellerie restauration.
Dernières marches
Reste que ce sont les dernières marches qui seront les plus dures à monter. On l’avait illustré la semaine dernière avec la construction : 83% des chantiers ouverts, selon l’enquête hebdomadaire réalisée par les cellules économiques régionales de la construction (CERC), mais une grosse moitié seulement d’entre eux affichaient un niveau d’activité normal.
Cette semaine, même situation avec les salons de coiffure. Selon l’enquête réalisée par le site Leciseau.fr, les deux tiers des salons annoncent un taux de remplissage de 100%, sauf que 6 salons sur 10 sont obligés de prendre entre 4 et 7 clients de moins que d’habitude alors qu’ils ouvrent tous davantage que d’habitude.