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Economie

ÉDITO. Les trois urgences économiques françaises

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François Bayrou prononce ce mardi son discours de politique générale. Quels sont les défis économiques auxquels il doit répondre?

Trois priorités sont à traiter à court terme, totalement imbriquées les unes aux autres: déficit public, déficit de la balance commerciale et fuite des capitaux.

Redresser les comptes publics, c’est l’urgence absolue. Afficher 6% de déficit quand la moyenne de la zone euro est à 3%, c'est mettre en danger l'édifice communautaire. Nous avons 300 milliards d'euros de dettes à placer cette année avec des taux qui flambent, la situation est de moins en moins tenable.

François Bayrou est l'un des premiers politiques à avoir alerté sur la dette, on attend de lui du concret, pas uniquement des envolées lyriques. Pour l’instant, l'ouverture des discussions à gauche ne laisse rien présager de bon. On parle principalement de hausse des dépenses.

L'autre priorité, c'est un autre déficit qui est tout aussi important et dont personne ne parle: celui de la balance commerciale. Cela fait plus de 20 ans que notre balance commerciale est déficitaire. Un déficit qui a doublé en dix ans: 45 milliards d’euros en 2015, il sera proche de 90 milliards en 2024 (-83,6 milliards fin novembre sur douze mois).

Il est grand temps de se réveiller! La réponse, c’est bien évidemment de mettre le paquet sur l’industrie, si l’on ne veut pas que la France se transforme en un gigantesque parc à thèmes. Nous sommes en déficit depuis que nous avons abandonné notre industrie, il y a un quart de siècle. Nous devons produire plus.

Mais le déficit commercial est aussi intimement lié au déficit public. En théorie économique, on parle de déficits jumeaux. La relance de l’économie par la dépense publique augmente la consommation des ménages et des entreprises, ce qui se traduit par davantage d’importations... Donc plus de déficit commercial. Si l’Etat réduit ses dépenses, le déficit commercial s’abaisse naturellement.

100 milliards ont quitté la France

La troisième urgence? S’attaquer à la fuite des capitaux. Alors que nous allons devoir placer 300 milliards d'euros de dette sur les marchés cette année avec des taux qui s’envolent, les investisseurs commencent à quitter le pays. Notamment pour acheter de la dette américaine.

Les résidents français détenaient 222 milliards de dollars de dette américaine en 2023. Ce montant est passé à 330 milliards en 2024. Plus de 100 milliards ont quitté la France.

Bien sûr, il y a une question de rendement. Plus élevés, les taux US sont plus attractifs. Ces données sont par ailleurs assez versatiles et donc à prendre avec précaution. Mais cette fuite des capitaux traduit aussi une inquiétude vis-à-vis de la France. Alors attention. Attention à la crise financière qui nous guette.

Raphaël Legendre