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Doritos, Findus, Pampers, Lipton... Ces marques qui réduisent les portions et augmentent les prix

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Moins de produits mais des prix qui flambent. La "shrinkflation" semble être en plein boom en cette période d'inflation. Avec cette même volonté de cacher les véritables hausses de prix aux consommateurs. BFMTV vous révèle quelques produits particulièrement touchés.

"On est dans le comble du cynisme." Ce dimanche sur BFMTV, le patron de Carrefour n'a pas été tendre avec certains de ces fournisseurs. Citant quelques géants de l'alimentaire comme Pepsico (les chips Lay's), Unilever (les glaces Magnum et Carte d'Or) ou encore Findus, Alexandre Bompard les accuse d'avoir recours à la "shrinkflation" à des niveaux jusqu'alors inédits.

Pour rappel, ce néologisme qui vient de l'anglais "shrink" (rétrécir) décrit une pratique bien connue dans l'univers de la consommation et qui consiste à réduire la quantité de produits vendus en supermarché sans en baisser le prix. Si cette inflation masquée n'est pas illégale en soi dans la mesure où le nouveau grammage est indiqué sur l'emballage, elle est toutefois accusée par certaines associations de consommateurs de tromper le consommateur qui ne vérifie pas toujours le poids des produits qu'il achète.

Si le patron de Carrefour ainsi que de nombreuses autres enseignes dénoncent de plus en plus la shrinkflation, c'est qu'elle a pris une nouvelle ampleur depuis le début de la poussée inflationniste. Non contents de diminuer le grammage sans toucher au prix, certains industriels réduisent désormais les quantités tout en haussant drastiquement le tarif.

+113% pour les croquettes Pedigree

BFMTV s'est ainsi procuré une liste de produits du quotidien particulièrement touchés par ce phénomène. Avec des hausses de prix au kilo qui dépasse parfois les 100% sans que le consommateur en ait vraiment conscience.

C'est le cas d'une marque de croquettes pour animaux bien connue qui appartient au géant américain Mars: Pedigree. La société a fait parvenir de nouveaux tarifs aux acheteurs de la grande distribution pour le 1er octobre prochain. Le sac de croquettes Pedigree Vitalité Adultes volaille ou boeuf passe ainsi de 16,67 euros à 24,90 euros. Une hausse déjà conséquente de plus de 49%. Sauf que le conditionnement est lui revu à la baisse et passe de 10 à 7 kg. Le prix au kilo du produit passe ainsi de 1,67 euro à 3,56 euros, soit plus de 113% d'augmentation.

Si l'alimentation animale est une des catégories les plus inflationnistes depuis plus d'un an, de nombreux autres produits sont concernés par cette inflation cachée. Comme les chips et les tortillas vendues par le groupe américain Pepsico. En mai, le paquet de chips Lay's nature de 300 grammes s'est allégé de 50 grammes. Son prix de vente est quant à lui passé de 2,90 euros à 3,20 euros. Soit une hausse au kilo de plus de 32%. Les petites tortillas triangles Doritos ont elles aussi flambé. La marque n'a ôté que 10 grammes sur ses paquets de 170 grammes mais elle a augmenté ses prix de 26 centimes, soit une hausse au kilo de près de 19%.

Les groupes américains ne sont pas les seuls à être adeptes de cette méthode. Le géant anglo-néerlandais (qui commercialise notamment en France les glaces Magnum ou Carte d'Or) a profité de la période pour lui aussi gonfler ses prix. Et ça se joue parfois à quelques grammes. Les Magnum aux amandes vendus par paquet de 4 passent ainsi de 328 grammes pièce à 300 grammes. Résultat: le prix au kilo enfle de plus de 23%. Les pots de crèmes glacés Carte d'Or pèseront eux aussi moins lourd sur la balance en novembre. Au lieu d'en mettre 470-500 grammes par pot, la marque ne les garnira que de 380 grammes en moyenne. Leur prix en revanche ne bougera pas, entraînant des hausses comprise entre 28 et 29% pour le même grammage.

Très chères pommes sautées

Toujours dans les surgelés, les amateurs de pommes de terre dégustent depuis quelques mois. La marque Findus y va elle au compte-gouttes pour ses pommes noisettes ou pommes risolées. La boîte de 600 grammes de pommes rissolées est passée en juillet à 590 grammes. En revanche, son prix n'a pas subi le même régime puisque le produit est vendu 3,70 euros contre 2,24 euros en début d'année. Le prix au kilo a explosé de près de 68%.

Il n'y a pas que l'alimentaire. L'hygiène n'est pas non plus en reste. A commencer par les produits Pampers (Procter & Gamble). Dans la liste des produits concernés par la shrinkflation, la marque américaine est l'une des plus représentées. Une quarantaine de références Pampers sont concernées. A commencer par les couches. Il suffit de mettre quelques couches en moins dans le paquet, ce que n'a pas manqué de faire la société d'hygiène pour bébé. Le paquet de Baby Dry x62 s'est changé en paquet de 58, celui de 47 en 45 ou encore celui de 41 en 39. Pourtant leur tarif est lui passé de 12,85 euros de moyenne à 16,13 euros, soit une augmentation moyenne de 30% la couche.

La marque semble adopter diverses stratégies pour augmenter ses prix. Pour ses lingettes par exemple, ce n'est plus de la "shrinkflation" à proprement parler puisque ses références Harmonie Coco 0% Plastique ou On The Go contiennent plus de produits. La première passe ainsi de 42 à 44 lingettes, la seconde de 40 à 46. Le consommateur peut ainsi avoir l'impression qu'il paie plus cher certes mais pour plus de produits. Sauf qu'évidemment le prix augmente bien plus que les quantités proposés. De près de 27% pour le produit sans plastique et de 76% pour la seconde référence.

Des pratiques qui ne laissent pas les autorités indifférentes. La semaine dernière Bruno Le Maire les a qualifiées de "trompeuses" et "abusives" et a promis d'oeuvrer pour faire évoluer la législation afin que les marques soient obligées de faire figurer sur le packaging le changement de grammage afin que les consommateurs aient conscience de ce qu'ils achètent.

Frédéric Bianchi et Gaëtane Meslin