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Dette: l'agence de notation Fitch maintient la note de la France mais sous perspective négative

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L'agence de notation Fitch a dévoilé ce vendredi 11 octobre au soir son diagnostic de l'économie française, au lendemain de la présentation d'un projet de budget 2025 qui prévoit un effort de 60 milliards d'euros pour contenir l'envolée du déficit.

Elle avait mis fin à huit années sans accroc en avril 2023. Cette fois, l'agence de notation Fitch n'a pas dégradé la note de la dette française, qui reste à un niveau "AA-" ce vendredi 11 octobre. Soit l'équivalent d'un 17/20, une des meilleures notes possibles, mais en la plaçant toutefois sous perspective négative.

Le ministre de l'Économie Antoine Armand a indiqué "prendre acte" de la décision de Fitch, tout en ajoutant que "l'agence souligne la force de notre économie, vaste et diversifiée, l'efficacité de nos institutions et notre historique de stabilité macro-financière".

Les déclarations de l'agence laissaient pourtant craindre le pire. Lors de sa dernière évaluation des finances françaises en avril, qui s'était également soldé par un statu quo, Fitch avait alerté sur un risque de baisse en cas d’"augmentation importante et persistante de la dette (…) par rapport au PIB résultant de déficits publics plus élevés que prévu".

Procédure de déficit excessif

Depuis, les mauvaises nouvelles se sont accumulées pour la France. La Commission européenne a ouvert une procédure de déficit excessif contre la France (six autres pays sont concernés). S’en est suivie une réévaluation de la prévision du déficit public pour 2024 passant de 4,4 % fin 2023 à 5,1 % en avril pour atteindre désormais 6,1% du PIB.

Les promesses du nouveau Premier ministre semblent avoir rassuré l'agence. Afin de ramener le déficit public à 5% en 2026, Michel Barnier a orchestré un ajustement budgétaire sans précédent de 60 milliards d'euros. Dans le projet de loi de finances (PLF) présenté jeudi 10 octobre, l'effort est réparti entre 40 milliards d'euros d'économies et 20 milliards d'euros de nouvelles recettes.

"On ne fait pas une politique pour des agences de notation, mais on regarde évidemment quel est le climat international et quel regard les instituts portent sur la France", avait déclaré plus tôt dans la journée, Antoine Armand, le ministre de l'Économie sur France 2.

"Et ce regard, il est attentif" car "face à la dette colossale que nous avons, face aux déficits qui continuent de filer, nous devons prendre des mesures".

La note de Moody's attendue

Une dégradation de la note n'aurait, pour autant, pas entraîné une envolée du coût d'emprunt du pays sur les marchés financiers. En avril, les analystes d'UBS estimaient qu'une baisse de celle-ci renchérirait les taux d’intérêts de seulement 0,05 à 0,07% par rapport au niveau des emprunts allemands, référence dans la zone euro. Actuellement, la différence entre les taux d'emprunts des deux pays est jugée peu inquiétante. Sans oublier que l'attractivité des investisseurs pour la dette française est toujours intacte.

Reste qu'une dégradation de la note souveraine aurait été vécu comme un premier camouflet politique par le gouvernement, un jour seulement après la présentation du PLF et du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS).

Désormais, les regards sont tournés vers l'agence de notation Moody's, qui rendra son verdict le 25 octobre. Celle-ci classe la France un cran au-dessus de ses consœurs. Puis cela sera au tour de Standard and Poor's, le 29 novembre.

Théodore Laurent