Vacances d'été: les Français sont-ils vraiment prêts à partir?

Pour préparer leurs vacances, les Français se renseignent mais restent prudent avant de réserver des séjours dans les clubs de vacances - Pierre&Vacances
En temps normal, en juin, les vacanciers ont déjà réglé l'organisation de leurs vacances et font du shopping pour profiter des soldes avant de partir. Cette année n'est comparable à aucune autre. La pandémie a mis l'activité au point mort depuis le 14 mars, mais désormais, la machine se remet doucement en route.
"Après la période de confinement, les Français veulent se détendre, et depuis fin mai, nos lignes téléphoniques sont prises d'assaut et notre site internet est trois fois plus visité que l'an dernier à la même période", indique à BFMTV Frédéric Le Guen, PDG de Belambra.
Belambra dispose de 58 villages vacances en France pour une capacité d'hébergement de 500.000 vacanciers et compte sur la réouverture de ses villages vacances dès le 13 juin.
Le Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs, vient lui d'annoncer l'ouverture de ses centres dès le 5 juin. "Dès les annonces du 14 mai, nous avons constaté une augmentation des flux de réservations, mais c’est véritablement l’annonce du 28 mai qui a permis de booster les ventes sur le web avec une hausse des flux sur les 4 derniers jours de plus de 150% pour Pierre&Vacances et plus de 180% pour Center Parcs", nous a dévoilé une porte-parole du groupe.
Une reprise encore timide
Cette année, si le sud de la France et la Corse restent les destinations privilégiées, d'autres régions attirent les vacanciers. Chez Pierre&Vacances, les régions les plus consultées sont PACA, Normandie, sud-ouest, les Alpes., mais "de plus en plus de clients choisissent de passer leurs vacances d’été à la montagne. Cette année, elle représente environ 20% des consultations web contre 15% l’année dernière".
"Nos clients sont plus mer que montagne, mais cette année, la tendance Atlantique se confirme. Les consultations portent beaucoup non seulement sur le sud-ouest et les Charentes-Maritimes, mais aussi sur la Bretagne qui attire de plus en plus de monde", constate Frédéric Le Guen.
Airbnb confirme également un engouement constaté par le nombre de visites sur sa plateforme sans nous préciser son ampleur. Mais en allant faire un tour sur le site nous avons constaté que les endroits habituellement pris d'assaut dès le printemps ne le sont toujours pas. On peut facilement trouver une location en juillet et août près de la Méditerranée ou sur la côte Atlantique (du Pays Basque à la Bretagne).
Alors que les réservations journalières ont triplé, comme l'a dévoilé ce mardi Nicolas Dayot, président de la Fédération de l'hôtellerie de plein air, celles des clubs de vacances restent encore timides. Les connexions aux sites web ne se transforment pas encore en réservations fermes.
"Malgré ces bonnes tendances, nous constatons toujours un retard sur le niveau de réservations en cumulé", reconnaît le groupe Pierre&Vacance-Center Park. "Reconstituer un carnet de commandes prend du temps", confirme Frédéric Le Guen en constatant toutefois une reprise progressive des commandes.
La crainte d'une seconde vague qui se traduirait par une nouvelle période de confinement est l'un des freins dans l'engagement ferme pour une réservation. Pour rassurer les clients, les organismes ont pris de mesures sanitaires, d'une part, mais aussi poursuivent les possibilités d'annulation en cas de force majeure.
Les conditions d'annulation, le nerfs de la guerre
"On s'est engagé à repousser les possibilités d'annulation sans frais si on devait repartir sur un confinement", dévoile le patron de Belambra. De son côté, Pierre&Vacances a créé une clause d'annulation sans justification allant jusqu’à 3 jours en juillet et 8 jours en août avant la date d’arrivée. Center Parcs permet "l’annulation gratuite et sans condition, jusqu’à 7 jours avant le départ".
Afin de rassurer les clients, le groupe Odalys vient d'annoncer une offre d'annulation "sans frais même à quelques jours du départ et 100% remboursée en cas d'impossibilité de se déplacer suite à une décision gouvernementale restrictive de déplacements".
"Afin de lever toute incertitude, nous avons souhaité apporter des conditions optimales de réservation dans le cas où ils seraient dans l’obligation de renoncer à leur séjour en raison d’un nouveau pic de l’épidémie", explique Laurent Dusollier, directeur général du Groupe Odalys.
Chez Airbnb, les clauses d'annulation "sans frais ni pénalité" concernant les cas de force majeure d’Airbnb s’appliquent jusqu'au 15 juillet. Mais pour en bénéficier, il faut avoir effectué une réservation "au plus tard le 14 mars 2020".
"Pour les annulations qui ne sont pas éligibles à notre politique de cas de force majeure liée au COVID-19, les conditions d'annulation habituelles de l’hôte s'appliquent", nous a expliqué une porte-parole d'Airbnb.
Comme l'explique la plateforme sur son site, "l'annulation est gratuite jusqu'à 14 jours avant l'arrivée et si la réservation a lieu moins de 14 jours avant l'arrivée, elle est gratuite pendant les 48 heures qui suivent la réservation, et jusqu'à 24 heures avant l'arrivée". Les voyageurs qui craignent un retour de la pandémie risquent ainsi de réserver leur hébergement au dernier moment.
Des vacances chez des amis ou en famille
Les conditions d'annulation risquent donc de jouer un rôle déterminant cette année. D'une part à cause de la crainte d'un retour de mesures sanitaires strictes, mais aussi du fait du coût des vacances qui, selon les dirigeants des organismes, seront plus longues, donc plus chères.
Les Français comptent cette année partir plus longtemps. Chez Belambra, les demandent pour des séjours allant jusqu'à trois semaines sont plus nombreux qu'habituellement.
"Les touristes veulent vraiment oublier la période difficile que nous avons vécus en ne se contentant plus d'une seule semaine de vacances", constate Frédéric Le Guen.
Même constat chez Pierre & Vacances qui observe "une hausse des paniers moyens portée par un allongement significatif des durées de séjour et une montée en gamme vers des résidences premium".
Mais si les vacanciers ne lésineront pas à la dépense, ils comptent aménager leur budget. Selon une étude d'OpinionWay, beaucoup iront chez des amis ou dans de la famille. Par crainte du contact avec les autres les locations et le camping ont également le vent en poupe. Les plus recherchés sont évidemment les endroits qui disposent d'une piscine.
