Retour en grâce du crémant qui enregistre un record de ventes en 2023

Fini l'image d'un champagne au rabais. Le crémant, ce vin mousseux n'a jamais eu autant les faveurs des consommateurs. Sur un an, les ventes de l'effervescent ont augmenté de 5,7% en 2023, atteignant 108,1 millions de cols (bouteilles). Le crémant grignote des parts de marché au champagne, qui voit lui ses ventes plonger. Elle ont reculé en volume de 16,5% en 2023 selon les données du panéliste Circana. Comme le résumait Michel-Edouard Leclerc sur BFMTV en décembre dernier: "le champagne se vend moins bien. (...) Les vins italiens pétillants, les crémants, ont pris la place".
La désaffection relative des consommateurs pour le champagne s'explique par des prix trop élevés, dans un contexte inflationniste. Selon l'UFC-que-choisir, les champagnes de marque ont vu leur prix moyen augmenter, de 30 euros le litre en décembre 2021 à près de 34,5 euros fin 2023, soit 15% d'augmentation en deux ans.
Même si le prix est moins élevé pour les bulles de marques de distributeurs, les consommateurs y réfléchissent désormais à deux fois. Et trouvent des alternatives. Le prix moyen d'un litre de crémant, est de 6 euros 50, soit un prix au litre cinq fois moindre que celui du champagne! Les ventes de crémant sont par ailleurs tirées par l'export, qui représente 40% des ventes totales, avec l'Europe du Nord et les États-Unis aux avant-postes.
Devant le champagne désormais en valeur
Le secteur des effervescents se porte bien autant en volume qu'en valeur désormais, selon Emily Mayer, directrice Business Insights chez Circana: "les volumes des effervescents ont toujours été plus importants que les volumes de champagne. Mais la croissance est telle ces dernières années que désormais les effervescents sont aussi passés devant les champagnes en chiffre d'affaires", explique-t-elle à BFM Business.
Ce nouvel engouement pour le crémant n'est pas seulement dû au repli du champagne nous explique Edouard Cassanet, porte-parole de la Fédération Nationale des Producteurs et Elaborateurs de Crémant. "Il y a une progression régulière et visible des ventes de Crémant depuis dix ans. En cinq ans, les ventes de crémant ont augmenté de 19%."
La consommation de vins effervescents a été dopée par le prosecco, ce qui a recruté de nouveaux consommateurs réguliers. Il y a une nouvelle consommation décomplexée de vins effervescents qui profite au crémant".
Une consommation à la hausse qui s'expliquerait aussi par la richesse des appellations selon la fédération. À la différence du champagne, le crémant n'est pas cantonné à un terroir, mais compte huit appellations distinctes. Des plus connues, crémant d'Alsace, de Bourgogne, mais aussi crémants de Bordeaux, du Jura ou de Limoux. Cette diversité peut comme pour les bouteilles de vin multiplier les achats mûs par la curiosité. "Au-delà du prix, la croissance des ventes s'explique aussi par la communication très forte des régions viticoles sur leurs crémants", confirme Emily Mayer.
La fédération défend également une exigence de qualité plus importante qu'auparavant, dans le respect de la méthode traditionnelle, avec une double fermentation, la seconde se réalisant en bouteille. "Le crémant est fait selon une méthode de fermentation plus exigeante que le prosecco. Ce n'est pas le même produit", rappelle Edouard Cassanet.
11,5% d'alcool
Un cahier des charges plus rigoureux qui enterrerait définitivement l'association du crémant avec un vin de mauvaise qualité. Enfin, le titrage en alcool est moins important que celui de certaines bouteilles de vin. "A 11,5% contre 13% pour certains vins tranquilles", souligne encore le représentant de la fédération.
Au mondial des Vins Blancs qui se tenait à Strasbourg pour la 26e édition, une nouvelle catégorie de prix réservée aux bulles s'est créée, en ligne avec les évolutions du marché. C'est un crémant d'Alsace, domaine Moltès de Pfaffenheim qui a remporté le coup de coeur du meilleur effervescent.
Une performance des crémants d'autant plus remarquée qu'elle s'inscrit dans un contexte morose pour le vin. Les ventes en volumes de vins tranquilles (non effervescents) ont baissé de 4% en grandes et moyennes surfaces, après une baisse similaire l'année précédente, selon la synthèse conjoncturelle de l'Agreste (ministère de l'Agriculture).