Pourquoi Michel-Edouard Leclerc veut bloquer les prix de certains produits

Ce vendredi matin, sur BFMTV, Michel-Edouard Leclerc a annoncé qu’il voulait bloquer les prix d’un certain nombre de produits vendus dans ses supermarchés pour limiter l’inflation. Un message à l’adresse des industriels auprès desquels ils se fournit en produits de marque nationale à forte notoriété (Nutella, Coca Cola, Ricard etc...).
Car pour le moment, dans les rayons de la grande distribution, l’inflation reste contenue. La société IRI qui scrute les tickets de caisses dans toutes les enseignes de la grande distribution et compare les prix au kilo ou au litre, estime que sur l’ensemble de l’année 2021, les prix des produits achetés par les clients des hyper et supermarchés n’ont, en moyenne, augmenté que d’un peu moins de 0,1% sur une année.
Les marques "premiers prix" en hausse de 1,6% sur un an
Les experts d’IRI notent en revanche que cette moyenne cache un net écart entre une tendance à la stabilité pour les produits des marques nationales et une inflation réelle pour ceux des marques "premiers prix" (+1,58% sur douze mois).
Et là encore il s’agit d’une moyenne. Au rayon produits ménagers, les prix en baisse ne sont pas rares. C’est le cas pour la lessive ou les pastilles pour lave-vaisselle. A l’inverse, les pâtes ont vu leur prix fortement grimper dans la foulée de l’envolée du prix du blé. Et ce sont les propres marques des distributeurs qui ont le plus réévalué leurs prix à la hausse.
Le spécialiste de la grande distribution, Olivier Dauvers, résume très bien la situation sur son blog avec cette illustration portant sur l’évolution du prix du paquet de 1 kilo de coquillettes.

Entre la fin juillet et aujourd’hui, l’augmentation atteint 69% pour les marques de Leclerc et d’Intermarché contre seulement 7% pour les coquillettes Barilla, ce fabricant ayant visiblement rogné sur ses marges. La façon dont un Français perçoit le niveau de l’inflation dépend donc de ses habitudes de consommation.
S’il achète dix kilos de coquillettes Turini (marque maison de Leclerc), il lui fait désormais consacrer 10 euros de plus que l’été dernier. Alors que pour l’habitué des pâtes Barilla la hausse se limite à 10 centimes par paquet. Or les amateurs de la célèbre marque italienne se rangent plutôt parmi les ménages aisés qui, de surcroît, sont réputés manger moins souvent des pâtes que la moyenne. Alors que les consommateurs modestes privilégient, eux, les marques les moins chères du rayon.
Mettre la pression sur les industriels
D’où l’avertissement de Michel-Edouard Leclerc aux industriels. Si le président du Comité Stratégique des centres E.Leclerc parle de bloquer les prix des produits symboliques, c’est parce qu'il anticipe une inflation supérieure à 5% dans ses rayons mais aussi parce que son groupe a déjà dû revoir à la hausse les prix de certains produits vendus sous ses propres marques.
E. Leclerc met donc la pression sur les industriels qui, eux, font tout eux en ce moment pour obtenir des hausses de prix et restaurer leurs marges. Le vrai bras de fer est là. Rester le champion des prix bas et s’affirmer comme le héraut de la lutte contre l’inflation.
