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Plaisir simple et abordable, l'inflation ne pèse pas (encore) sur les ventes de confiseries

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Le marché français retrouve des couleurs après le trou d'air de 2020. Les consommateurs ne sacrifient pas encore ce petit plaisir sur l'autel de l'inflation.

Pas de répit sur le front de l'inflation. En juin, en grande distribution, les prix des produits de grande consommation ont encore bondi de 4,37% sur un an. Mais pour certains produits comme les viandes surgelées ou les pâtes, on dépasse allègrement les 15%. De quoi forcer les consommateurs à des sacrifices. Mais certains produits échappent encore à ces arbitrages, notamment les confiseries.

"Nous n'avons pas encore retrouvé les niveaux de 2019, mais si on exclut le segment des chewing-gums, en baisse chronique depuis plusieurs années, on dépasse cette année les chiffres d'il y a deux ans", explique à BFM Business, Pascal Zundel, président des Bonbons Barnier et du syndicat des Confiseurs de France.

Valeurs sûres

La consommation de confiseries résiste, d'abord et avant tout, parce que c'est se faire plaisir à petit prix dans un contexte anxiogène. D'ailleurs, dans ce marché, ce sont les valeurs sûres et rassurantes qui dominent, l'innovation a plutôt du mal à percer.

"La tendance, c'est la permanence des produits traditionnels", confirme le responsable. "Les fondamentaux restent: ce sont les confiseries qui nous ramènent à l'enfance, qui sont régressifs. La consommation s'articule donc autour de produits forts et historiques. Il faut rappeler qu'elle est d'abord le fait des adultes".

Pourtant, la hausse des prix est bel et bien là. Pascal Zundel souligne que la tonne de sucre est passée de 400 euros la tonne en 2020 à 850 euros aujourd'hui. La tonne de sirop de glucose (pourtant fabriqué essentiellement en France) se négocie aujourd'hui à 1100 euros la tonne contre 400 en 2020. Sans oublier la flambée du coût des emballages.

La tonne de sucre est vendue 850 euros contre 400 en 2020

Pour le moment, l'industrie absorbe en partie ces augmentations sans précédent. "Nos produits ont peu augmenté: +3% en moyenne sur un an, mais c'était lors du premier round de négociations avec la grande distribution. Le second round en cours de négociations vise une nouvelle augmentation de 5% pour arriver à +8% sur un an. Ca sera plus marquant", explique Pascal Zundel.

Une hausse sensible donc mais qui ne devrait pas changer la donne selon le dirigeant. "La consommation de confiserie est de 8 grammes par jour et par Français soit 34 euros par an. Ajouter à nouveau 5%, c'est ajouter en moyenne 1,70 euro par an. Ca pèse finalement assez peu sur un budget, surtout pour un produit plaisir et réconfortant qui répond à un achat d'impulsion", avance le PDG.

Et de poursuivre: "certains ménages fragiles vont peut-être couper dans le superflu mais on ne l'observe pas pour le moment".

34 euros par an: le budget confiseries des Français

Pour compenser les hausses des coûts de production, certains industriels pourront choisir de modifier leurs recettes, "chacun s'adapte en fonction de son positionnement et de sa distribution", estime Pascal Zundel.

Les acteurs du haut de gamme, comme les Bonbons Barnier, misent au contraire sur le maintien des recettes et de la qualité et la fidélité des clients. Pascal Zundel souligne :"Je suis premium, je vends à un circuit sélectif. J'ai augmenté mes prix de gros de 6% fin 2021 et encore de +4% ces derniers mois alors que je pensais ne pas avoir à le faire. Et je confirme que pour le moment, ça n'a pas d'impact sur le chiffre d'affaires. Dans le haut de gamme, les hausses de prix sont mieux acceptées, les clients comprennent, du moment qu'on est transparents".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business