Payer par chèque, un geste en voie de disparition

La pandémie a consacré le paiement sans contact. C'est l'une des principales indications du rapport annuel sur la sécurité des moyens de paiement de la Banque de France. L'autre information de ce panorama 2020, c'est aussi le déclin inexorable du chèque, spécificité française, qui a connu son heure de gloire à la fin des années 1990. En 2000, il était l’instrument de paiement scriptural (hors argent liquide) le plus utilisé par les Français (34% des transactions) devant la carte (25%). Mais en 20 ans, la chute a été brutale.
"Le volume de chèques émis a été divisé par trois pour atteindre 1,2 milliard de transactions en 2020, soit 5% des transactions scripturales" explique le rapport. Cela correspond à environ 1,8 chèque par mois et par Français. L'année 2020, marquée par les questions de distanciation sociale, ont évidemment accélérer le déclin puisque les transactions par chèque ont chuté de 26% en nombre et de 25% en valeur. Surtout, les premières statistiques de la Banque de France pour le début de l'année 2021 ne témoignent d’aucun retour des flux sur les tendances antérieures à la pandémie."
La courbe des opérations de paiement entre 2006 et 2020 est d'ailleurs sans équivoque tout comme celle des montants des transactions (hors virements).

Mais il ne faudrait pas pour autant totalement enterrer le chèque.
"Avec 614 milliards d’euros échangés en 2020, il reste le troisième moyen de paiement scriptural en montant, derrière le virement et le prélèvement, toujours devant les paiements par carte (hors retraits)" indique le rapport.
D'ailleurs, huit Français sur dix disposent d'un chéquier et l'utilisent pour des sommes importantes: le montant moyen du chèque s'établit à 522 euros en 2020.
Profiter des délais d'encaissement
Mais les grands utilisateurs des chèques sont d'abord les entreprises. Selon une enquête l'Association française des trésoriers d'entreprise, aucune des entreprises interrogées (à l’exception des commerçants) n'a déclaré refuser les chèques et la plupart les utilisent régulièrement, notamment pour faciliter leur comptabilité. "Les délais et les oublis d’encaissement par les bénéficiaires peuvent également apporter un gain de trésorerie aux entreprises qui en émettent" indique le rapport de la Banque de France.
Le délai d'encaissement peut aussi représenter un avantage pour les particuliers qui retardent ainsi le paiement, ou le fractionnent sans frais avec plusieurs chèques. Son utilisation serait ainsi plus importante chez les ménages en situation de fragilité financière. Dernière raison de la survivance du chèque, c'est parfois l'unique méthode pour payer (en dehors de l'argent liquide), notamment chez certains médecins. "En l’état actuel des choses et à défaut de nouvelles mesures, il est donc attendu que le chèque reste présent dans le paysage des moyens de paiement d’ici 2030" tranche le rapport.
Mais l'utilisation du chèque reste aussi le principal risque de fraude, "tant en montant (42% du total de la fraude) qu’en taux (0,088% contre 0,066% en 2019)" prévient le Banque de France.