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"On va devenir schizo": Michel-Edouard Leclerc se plaint du double discours de l'exécutif sur l'inflation

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Après des semaines de silence, Michel-Edouard Leclerc a repris la parole ce lundi sur France Inter et a pointé la responsabilité du gouvernement et des multinationales dans la crise agricole. Il assure acheter au niveau européen pour préserver le pouvoir d'achat des Français.

Depuis le début du mouvement des agriculteurs, il se faisait très discret. Alors que nombre de ses magasins ont été pris d'assaut ces dernières semaines, Michel-Edouard Leclerc a signé son retour médiatique ce lundi sur France Inter.

Et il n'a pas retenu ses coups. Principalement contre le gouvernement mais aussi certains députés Renaissance accusés par le distributeur d'avoir orienté la colère des agriculteurs vers les magasins de l'enseigne.

Nicolas Doze face à Jean-Marc Daniel : Mouvement des agriculteurs, l'écologie KO ? - 02/02
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Plus globalement, le distributeur reproche aux autorités d'avoir des objectifs contradictoires.

"Vous avez du côté de Bercy: 'Michel-Edouard Leclerc, Système U, Intermarché s'il vous plaît, faites nous un panier [anti-inflation] [...] et mettez nous des bonnes choses dedans, y compris des fruits et légumes et allons-y pour montrer au public que le gouvernement se bat contre la vie chère', ironise le distributeur. Et de l'autre côté vous avez le ministère de l'Agriculture et peut-être une partie de l'Elysée qui nous disent 'Mais non n'y touchez pas c'est secteur protégé, on a les élections européennes...'. On va devenir schizo."

Accusé de contourner la loi Egalim censée protéger les revenus des agriculteurs en achetant des produits dans ses centrales d'achat européennes, Michel-Edouard Leclerc s'est une nouvelle fois défendu en ciblant cette fois les multinationales des produits de grande consommation.

"J'assume..."

Les achats au niveau européen ne concernent que les entreprises qui font plus de 350 millions d'euros de chiffre d'affaires, rappelle-t-il. Avant de s'engager dans une litanie de grands groupes qui ont, selon lui, profité de l'inflation pour augmenter leurs bénéfices et les dividendes versés à leurs actionnaires.

"On négocie avec Nestlé qui a augmenté ses dividendes de 13% - ils sont suisses, on négocie avec Pepsico -américain- qui a augmenté ses dividendes de 13% l'année dernière, Procter & Gamble a augmenté ses dividendes de 23% -ils sont américains, Unilever a augmenté ses dividendes de 16,5% -Royaume-Uni/Pays-Bas, la bière Inbev +26%, ils sont belges, Coca Cola 28,8% c'est USA... Il y a un français Pernod-Ricard +29%", énumère Michel-Edouard Leclerc.

Le porte-parole du distributeur estime donc que ses centrales européennes ont pour but de protéger les consommateurs français.

"L'inflation a touché de 21% le pouvoir d'achat des Français [...] aujourd'hui j'assume d'aller avec des gens qui ont fait croire que l'inflation, c'était à cause de l'Ukraine ou du Covid, tout en distribuant autant de dividendes", pointe-t-il.
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco