"On a besoin d'augmenter les prix": les chocolats de Noël plus chers que l'année dernière

Pour beaucoup de Français, impossible de s'en passer à Noël: comme toujours, les incontournables chocolats s'inviteront sur les tables et sous les sapins. Moulages, chocolats fourrés, pralinés, tablettes… La consommation tourne à plein régime au moment de Noël. Mais la flambée quasi-ininterrompue des cours du cacao complique l'équation en cette période faste pour les industriels et les artisans du chocolat, la plus importante de l'année avec Pâques.
Après une sensible augmentation à partir du printemps 2023, les cours du cacao se sont envolés au début de l'année suivante, atteignant des sommets historiques. Mardi, la tonne de cacao s'échangeait à un peu moins de 10.000 dollars à New York, soit une hausse de 122% sur un an. En décembre 2022, deux ans auparavant, la tonne tournait encore autour de 2.500 dollars.
Mauvaises récoltes
Les plantations de Côte-d'Ivoire et du Ghana, cœur de la production mondiale, ont enchaîné plusieurs récoltes difficiles, dans le sillage de fortes chaleurs exacerbées par le phénomène météorologique El Niño, auxquelles se greffe la propagation d'une maladie virale qui s'attaque aux cacaoyers. Or, ces deux pays fournissent ensemble plus de la moitié de la production mondiale de cacao, respectivement 39% et 16% selon l'Organisation internationale du cacao (ICCO). Plus concrètement, le moindre soubresaut local est ressenti sur toute la planète.
Avec une demande mondiale toujours soutenue, les cours du cacao ont été propulsés à des niveaux record. Il faut aussi y ajouter les conséquences, positives cette fois-ci, d'une meilleure rémunération des producteurs en Afrique de l'Ouest.
En bout de chaîne, les chocolatiers ne sont pas épargnés par la flambée des cours. "S'il augmente de 30%, cela ne signifie pas que les chocolats seront 30% plus chers", nuance toutefois Laurent Le Daniel, président de la Confédération nationale des artisans pâtissiers, chocolatiers, confiseurs, glaciers et traiteurs (CNAP). Le prix du cacao ne représente qu'une fraction relativement modeste du coût de production d'un moulage, d'un bonbon fourré ou d'une truffe.
Mais l'envoléedu cacao n'est pas isolée: le cours du sucre, lui aussi, a nettement grimpé ces derniers temps. Surtout, les chocolatiers ont généralement absorbé une augmentation des salaires, la part la plus conséquente du coût de production des chocolats. "Les artisans ont besoin d'augmenter leurs prix", souligne Laurent Le Daniel, expliquant que "certains ne parviennent plus à s'en sortir avec la succession de crises", après avoir déjà rogné sur leurs marges lors des dernières fêtes.
"Succession de crises"
"Nous avions pu limiter la hausse des prix des chocolats en 2023", mais "cette année, nous serons obligés de répercuter davantage" l'augmentation des coûts de production, confirme Thierry Lalet, président de la Confédération des chocolatiers et confiseurs de France. Une hausse qui devrait rester modérée, afin d'éviter de perdre une partie de la clientèle au passage –pour les chocolatiers, le mois de décembre représente parfois plus de la moitié du chiffre d'affaires.
Il faudra compter "entre 50 centimes et 1 euro" supplémentaires pour une boîte de chocolats chez un artisan chocolatier, estime Thierry Valet.
Les industriels du chocolat, qui écoulent une bonne partie de leur production dans les supermarchés, n'y échappent pas non plus. Le prix des chocolats de Noël "a augmenté de 5 à 6%", assurait récemment le patron des magasins U, Dominique Schelcher, sur BFMTV-RMC. Ce dernier déclarait craindre un "impact direct sur la consommation" dans les magasins, estimant néanmoins qu'il faudrait attendre que la saison soit terminée pour en faire le bilan.