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Made.com: les administrateurs donnent rendez-vous aux clients lésés cette semaine

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L'entreprise en faillite et ses nouveaux administrateurs ont envoyé hier deux mails aux clients toujours dans l'attente de la réception de leurs commandes. L'un les informe que toutes celles qui étaient prêtes à être expédiées seront livrées sous dix jours. L'autre leur indique qu'ils pourront consulter mercredi leurs propositions pour allouer les fonds issus des ventes d'actifs.

Une lueur d'espoir pour les clients lésés de Made.com. Deux semaines après avoir annoncé son placement sous administration en vue de sa liquidation, le vendeur de meubles en ligne a communiqué de nouvelles informations à ses clients qui craignaient de ne jamais recevoir leurs commandes ou de remboursements le cas échéant. Ce sont notamment les administrateurs du cabinet PwC, nommés mardi dernier pour gérer l'opération, ainsi que l'entreprise elle-même qui ont adressé un mail aux centaines de clients concernés.

Les clients français vraiment livrés?

Le premier donne notamment une date butoir pour livrer les dernières commandes qui étaient déjà en expédition: le vendredi 25 novembre. "Si vous n'avez pas reçu votre commande à cette date, nous n'avons malheureusement pas été en mesure de vous l'expédier et vous devez suivre les conseils donnés dans la section créanciers de ce site Web", indique le mail.

De quoi a priori rassurer les clients qui avaient espoir de recevoir leurs commandes dont certaines s'élevaient à plusieurs milliers d'euros. Sauf que le doute s'empare d'une partie des clients réunis sur un groupe d'entraide Facebook spécialement créé pour communiquer les avancées de l'affaire. Dans une approche littérale du mail, l'un des membres soulève ainsi un potentiel flou quant aux clients français.

"Près de 4500 commandes de clients au Royaume-Uni, en Autriche, en Allemagne et en Suisse, qui sont déjà chez les transporteurs, sont en cours de livraison", explique le mail de Made.com.

La France n'étant pas explicitement mentionnée contrairement à d'autres pays européens, les clients de l'Hexagone peuvent-ils véritablement s'attendre à des livraisons de leurs commandes dans les prochains jours? Ou pâtissent-ils des relations complexes de Made.com avec le transporteur VIR qui livre habituellement le marché français mais avait déjà suspendu cette activité il y a deux semaines sur demande de l'entreprise?

Outre cette zone grise, le mail se veut très clair au sujet des autres situations: "Une grande partie des commandes clients se trouvent encore en Extrême-Orient à différents stades de production. En raison de l'impact de l'entrée de l'entreprise sous administration, ces articles ne peuvent être achevés et expédiés aux clients. Dans ce cas, vous devrez soumettre une réclamation dans le cadre de l'administration, les détails sur la façon de soumettre une réclamation sont disponibles dans la section créancier ci-dessus".

Des créances "non-garanties"

C'est donc l'autre option qui pourrait s'appliquer aux clients à en croire un second mail, envoyé cette fois par les trois administrateurs de PwC eux-mêmes qui se sont chargés de vendre la marque, le nom de domaine et la propriété intellectuelle de Made.com à la société Next Retail Limited la semaine dernière. "Nous avons entrepris cette opération car nous pensons qu'elle offrira le meilleur résultat aux créanciers dans leur ensemble et qu'elle nous permettra d'atteindre l'objectif statutaire de l'administration", justifient-ils dans le mail.

"Nous allons maintenant nous concentrer sur l'obtention du meilleur résultat possible pour les créanciers de la société en réalisant les actifs restants, déclarent-ils. Tous les montants dus concernant les biens et services fournis avant la date d'administration seront considérés comme une créance non garantie dans l'administration."

Sur son site Internet, Made.com divise ses créanciers en trois catégories: les créanciers garantis dont la garantie est enregistrée auprès de la société, les créanciers privilégiés qui correspondent aux salariés qui perçoivent arriérés de salaires, congés payés, cotisations non versées ou encore primes et enfin les créanciers non garantis ou non-préférentiels.

D'après le mail, les clients considérés comme des créanciers pourront consulter dès aujourd'hui des informations sur la vente à la filiale du groupe d'habillements britannique Next ainsi qu'un argumentaire la justifiant. Un document relatif à la SIP 16 (Statement of Insolvency Practice 16 ou déclaration d'insolvabilité) précise qu'ils recevront des identifiants afin de déclarer leurs créances sur un portail électronique. "En outre, en tant qu'administrateurs, nous devons préparer et envoyer nos propositions indiquant comment nous entendons atteindre l'objectif de l'administration, est-il ajouté en conclusion du mail. Nos propositions seront téléchargées sur le site web au plus tard le 17 novembre 2022 à 23h59."

Timothée Talbi