Les retraits d'espèces dans les distributeurs bientôt plus coûteux?

Des billets devant un distributeur automatique. (ILLUSTRATION) - AFP
Le retrait de billets au DAB (distributeur automatique de billets) pourrait bientôt vous coûter plus cher. Aujourd'hui si vous retirez des espèces dans une banque qui n'est pas la vôtre, cette opération ne vous est pas facturée tant que le nombre de ces retraits restent relativement raisonnable. Au-delà de trois à sept par mois (selon ce que prévoit le contrat signé avec votre banque), cette opération vous est facturée 1 euro.
Les banques justifient ces facturations en arguant du fait que l'installation et l'entretien de distributeurs constitue une dépense importante. Un DAB coûte effet en moyenne 35.000 euros à l'achat. Et implique des frais de maintenance non négligeables ainsi que l'approvisionnement de la machine. D'ailleurs, lorsque vous retirez vos espèces dans une banque concurrente, celle-ci réclame une commission de 57 centimes à votre propre banque pour le service qu'elle vous a rendu. Votre banque vous fait donc un cadeau lorsqu'elle n'exige aucune contrepartie financière à un retrait dans un DAB qui ne lui appartient pas.
Le problème pour les établissements bancaires c'est l'arrivée des banques en ligne. Ces dernières ne possèdent en effet pas de distributeurs et leurs clients retirent leurs espèces dans ceux des banques traditionnelles. Mais le montant de la commission (57 centimes) est identique à celui qu'exigent entre elles les banques disposant d'un réseau d'agences.
5.000 distributeurs ont disparu en France
Ce qui agace ces acteurs historiques. "Pourquoi les banques qui ne font rien pour le réseau de distributeurs comme les banques directes- peuvent-elles les utiliser au même tarif? Les prix ne reflètent pas la réalité des coûts d'utilisation de ce réseau interbancaire, ce n'est plus possible." s'émeut Nicolas Théry, le président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale dans Les Echos.
Un point de vue partagé par de nombreuses autres banques en France qui ne veulent plus laisser ces concurrents dont les tarifs séduisent de plus en plus de Français, profiter ainsi de leurs infrastructures. Selon Les Echos, Nicolas Théry et Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole SA auraient rencontré le président du Sénat à ce sujet.
Le sujet est loin d'être anecdotique. Pour faire des économies, les banques traditionnelle ont tendance à supprimer certains DAB jugés non rentables. 5.000 distributeurs ont ainsi disparu ces six dernières années. Le pays en comptait 59.000 en 2012 contre 54.000 en 2018. Les Français utilisent en effet de plus en plus d'autres moyens de paiement comme la carte bancaire, ce qui pèse sur la rentabilité des distributeurs de billets. Dans le même temps, les élus font pression sur les banques pour qu'elles cessent de fermer des DAB notamment en zone rurale. Le Sénat a voté en fin dernière une loi obligeant les banques lorsqu'elles en ferment un à rouvrir un distributeur dans un rayon de 10 km.
Mais le dossier des frais bancaires est sensible en France et l'Autorité de la concurrence suit le secteur de près pour prévenir des tentatives d'entente. En 2011, les banques réunies au sein du Groupement des Cartes Bancaires avaient ainsi d'ailleurs consenti une baisse de 20% de leur commission interbancaire sur les retraits. Mais à l'époque, les banques en ligne n'étaient pas aussi présentes dans le paysage qu'aujourd'hui.
