Le déclin du non-alimentaire au coeur de la "crise" des hypermarchés

Au sein des hypermarchés, le non-alimentaire représentait 21 milliards d’euros en 2010… il ne représente plus que 14,7 milliards d’euros en 2018, soit une baisse de 30% en 8 ans, selon Nielsen. - Philippe Desmazes-AFP
En annonçant hier vendredi 3 mai jusqu'à 3000 suppressions de postes concernant au premier chef ses rayons bijouteries et multimédia, Carrefour n'a fait que confirmer le déclin de l'hypermarché "à la française", offrant (presque) tout sous le même toit.
Sans surprise, les rayons non-alimentaires sont les premières victimes de cette vaste remise en cause de l'offre des hypers qui subissent, chez presque tous les acteurs de la grande distribution (Auchan, Casino, Carrefour), la vive concurrence, soit des enseignes spécialisées, soit des sites d'e-commerce.
Le cabinet d'études Nielsen fournit quelques statistiques mettant en lumière ce bouleversement qui conduit la plupart des géants français de la distribution à revoir le "modèle" économique de leurs hypermarchés, à coup de cessions de magasins notamment et de plans sévères de réduction d'effectifs.

Selon des chiffres récents calculés à partir de l’historique du chiffre d’affaires des hypermarchés et supermarchés, sur 8 années d’évolution des univers alimentaire et non-alimentaire au sein des magasins, le non-alimentaire (loisirs, équipement de la maison et textiles) qui représentait 21 milliards d’euros en 2010, ne génère plus que 14,7 milliards d’euros en 2018, soit une chute spectaculaire de 30% en 8 ans ! Résultat, le non-alimentaire est passé de 28% à 20% du chiffre d’affaires total des hypermarchés (ch infographie ci-dessus).
Dans le détail, les loisirs ont le plus baissé (-35% sur la période), subissant le
dynamisme des enseignes spécialisées, dans le sport par exemple. Le textile et l’équipement de la maison ont perdu respectivement 23 et 27% de leur chiffre d’affaires.
Dans le même temps, selon Nielsen, "l’alimentaire (au sens produits de grande consommation: tous les produits alimentaires, mais aussi entretien et hygiène beauté) a gagné 7% de chiffre d’affaires". Mais cette progression n’est pas suffisante pour compenser le fort recul du non-alimentaire : au total le chiffre d’affaires tous produits (ou CATP) a baissé de 3,3% entre 2010 et 2018, fait remarquer le cabinet d'études.
Le contraste est flagrant avec les supermarchés, pour lesquels "le non-alimentaire est moins développé mais a réussi à se maintenir entre 2010 et 2018, passant même de 5,4 à 5,6 milliards d'euros" faisant ressortir le problème spécifique rencontré par les hypers et leur conception du "tout sous le même toit" .