Coronavirus: la livraison va-t-elle permettre aux restaurants de continuer leur activité?

- - DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP
Les 110.000 restaurants et 37.000 cafés de France et leurs plus de 400.000 salariés ont appris la fermeture générale samedi, plusieurs heures après avoir reçu toutes leurs commandes pour le week-end.
"Dans la panique, on a donc tout rangé samedi et jeté les denrées qui ne se gardent pas", raconte Nicolas El Hakim, restaurateur et représentant de l’Union nationale des métiers et industries de l’hôtellerie. "Et dimanche, on a finalement appris que nous pourrions livrer, et que les applis de livraisons restaient ouvertes", ajoute-t-il.
Des nouveaux restaurants contactent Deliveroo
Très vite, des plateformes comme Deliveroo on commencé à recevoir des appels de restaurateurs des grandes villes, qui n’avaient jusqu’à présent jamais livré.
"Beaucoup nous ont contacté pour savoir s’ils pouvaient se connecter temporairement chez nous, pour une quinzaine de jours, le temps d’écouler leurs stocks", explique Louis Lepioufle, porte-parole de Deliveroo.
"D’autres nous contactent pour nouer un contrat de livraison à long terme, mais ça reste marginal depuis samedi. On s’attend à beaucoup de prises de contact ces prochains jours", continue Louis Lepioufle. Il assure que côté livreurs, il y a "suffisamment de personnes prêtes à travailler" depuis que les nouvelles règles -pas de contact entre livreur, cuisinier et clients- ont été établies.
Que des restaurants qui n’aient jamais livré s’y mettent maintenant, voilà qui étonnerait Nicolas El Hakim de l’Umih. "Même parmi ceux qui faisaient déjà de la livraison, ils ne conserveront l’activité que si elle pèse lourd dans le chiffre d’affaires. Sinon, ils ont davantage intérêt à se mettre en chômage partiel”, souligne-t-il.
Pour les autres, l’incertitude est telle qu’il est impossible d’envisager de se mettre à livrer. "Dimanche, on nous disait que les transports allaient être réduits, mais sans nous dire dans quelle mesure, donc on ne sait pas si nos salariés vont pouvoir venir, et s’ils vont bien vouloir", détaille Nicolas El-Hakim.
Des situations plus simples à la campagne
Lui-même propriétaire de deux restaurants en Ile-de-France, il a ouvert l’un des deux hier soir pour faire des livraisons et n’a eu “personne pour des plats à emporter, et personne pour des livraisons, alors que le dimanche soir est d’habitude un bon soir. Mais je vais continuer à l’ouvrir, le soir uniquement”. Son autre restaurant, lui, va rester fermé.
En dehors des grandes villes toutefois, il est apparemment plus aisé de continuer l’activité pour les restaurants. "Ils utilisent les réseaux sociaux pour contacter leurs habitués, les prévenir qu’ils préparent des plats à emporter ou à livrer sur pré-commande, ça leur permet aussi d’organiser la présence des salariés. Et pour le moment ça fonctionne", se félicite le directeur de l’Umih.
En revanche, les cafés et bars eux n’ont pas le choix de cesser toutes activités. Même les cavistes qui livraient déjà avec Deliveroo ou autres ont dû s'arrêter: la livraison d’alcool a été interdite par le décret paru dimanche soir.