La croissance du marché du bricolage va-t-elle se maintenir?

Télétravail et confinements ont donné des envies de bricolage aux Français. Le secteur a ainsi connu une croissance "hors du commun" de 13% l'an passé à 31 milliards d'euros. La question est désormais de savoir si cet engouement est conjoncturel ou s'il va se maintenir dans le temps.
Le cabinet Astares de Nicolas Bouzou pour Inoha, l’Association des Industriels du Nouvel Habitat, a tenté de répondre à cette question. Selon son analyse, les étoiles sont plutôt bien alignées.
Les dépenses des Français dans le secteur du bricolage dépendent de la rencontre de trois facteurs indissociables: la hausse de leur revenu disponible brut, l’augmentation de leur temps libre et l’existence de projets immobiliers", peut-on lire.
Hausse des revenus, épargne, temps libre, aides...
Or ces trois facteurs continuent à faire office de catalyseur. Le revenu disponible connaît ainsi une progression annuelle moyenne de 2,9% depuis 2019 tandis que l'épargne est au plus haut.
Selon l'étude, si les ménages dépensaient 20% de l’épargne supplémentaire accumulée pendant la crise, cela équivaudrait à +2% de croissance pour le secteur jusqu’à fin 2022.
Quant aux projets immobiliers, ils se multiplient alimentés par la persistance des taux bas. Si 30% des télétravailleurs déménageaient, notamment en zone rurale, le marché gagnerait encore 1,3% de croissance.
Il ne faut pas non plus oublier la politique gouvernementale en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments avec MaPrimeRenov qui devrait être encore prolongée.
Le vieillissement de la population va porter le marché
D'autres facteurs pourraient peser favorablement sur la tendance. "Le vieillissement de la population, surtout s’il s’effectue en bonne santé passé 65 ans, devrait lui aussi avoir un impact positif sur le marché. Les jeunes retraités actuels représentent une génération extraordinaire à deux égards: ils ont non seulement tiré profit d’un départ à la retraite tôt et en bonne santé mais ils ont, en plus, bénéficié d’un revenu disponible inédit. Ce sont également eux qui consomment le plus d’outillage (environ 409 euros par ménage), soit le double que les trentenaires et les quadras", peut-on lire.
Cette tendance soutiendra le marché du bricolage grâce à un budget des ménages alloué à l’outillage qui pourrait augmenter de 2,7% d’ici 2030, estime l'étude.
Enfin, Astares conseille d'encourager "l’accompagnement dans la montée en compétences techniques des trentenaires et des plus jeunes montrant une forte appétence pour le bricolage afin d’en faire des experts. Et la mise en place d’une stratégie écologique avec une vision, un label unique et des outils de mesure", afin de soutenir cette croissance...
A moins que la pénurie de matières premières ne finisse par provoquer une hausse des prix et donc une demande moins forte. "Même si le contexte est favorable, la visibilité reste extrêmement faible en raison des perspectives économiques incertaines", souligne ainsi les acteurs de ce marché.