L'interminable chute de la consommation alimentaire interroge et inquiète

Le ralentissement de l’inflation n’a pas (encore) d’effet sur les chiffres de la consommation alimentaire. D’après plusieurs études, alors que l'inflation se fait moins pesante depuis quelques temps (+4,5% sur un an en juin, contre +5,1% en mai, selon l'Insee), la consommation, elle, continue de sombrer.
Selon l'Insee, la consommation de biens alimentaires hors tabac représentait 14,3 milliards d'euros en mai et la courbe est impressionnante. L'institut statistique observe une chute libre de près de 12% depuis janvier 2022, et même de plus de 16% si on compare au pic de mars 2020 (avec les Français qui faisaient des réserves avant le confinement).
La consommation atteint désormais un niveau si bas qu'il n'a plus été observé depuis 2009 et le repli lié à la crise économique de l'époque. Si la chute se poursuit, la consommation de produits alimentaires pourrait retomber au niveau du début des années 2000, voire plus loin encore.
Une chute sans précédent
Et cette tendance inquiète les acteurs du secteur. La situation est si préoccupante que le patron de System U s’est fendu d’un tweet cette semaine pour alerter sur la gravité du sujet dans les "mois qui viennent".
Sur le même réseau social, François Geerolf, économiste à l'OFCE, estime même que cette chute de la consommation alimentaire n'a "aucun précédent dans les données compilées par l'Insee depuis 1980".
Et la dernière étude de Circana sur la baisse des ventes de produits de grande consommation, en volume, ne dit pas autre chose : -6% en moyenne sur l’épicerie sur un an, -3% sur la crèmerie, -1,6% pour les liquides, -8% pour les champagnes et spiritueux et près de 8% de baisse sur les produits d'hygiène et de beauté.
Certes, il y a ce ralentissement annoncé de l'inflation, mais en réalité, "il y a très peu de baisses et les prix restent quand même très hauts" pour tout un tas de produits, explique l'expert du secteur Olivier Dauvers.
Peu de baisses de prix
De fait, si le panéliste NielsenIQ estime qu'une catégorie de produits de grande consommation sur trois a vu ses prix baisser entre la semaine du 28 mai et celle du 4 juin, les baisses en elles-mêmes sont encore bien timides. Le trio de tête est composé du vinaigre, de l'essuie-tout et des éponges qui ont vu leurs prix diminuer de plus de 0,1% sur la semaine en question.
Mais d'autres catégories de produits sont aussi concernées dans une moindre mesure. C'est le cas des thés et infusions et des mouchoirs papier (-0,09%), des sirops (-0,08%), des emballages ménagers (-0,07%), de la pâte à tartiner et des litières pour animaux (-0,06%) ainsi que de la vaisselle jetable (-0,05%).
Encore trop peu pour enrayer la chute de la consommation. Olivier Dauvers prévoit même que cela s’inscrive dans la durée, notamment parce que les prix de l’alimentaire ont augmenté bien plus vite (environ 15%) que le niveau des salaires. Le rattrapage sera lent. La solution, pour lui, se trouve en partie du côté des marques, qui doivent, selon lui, "retravailler leur accessibilité" en terme de prix.