"Je nourris mon chien ou mes enfants?": au Royaume-Uni, les chats et chiens aussi victimes de l'inflation

Ce sont les grands oubliés parmi les victimes de l'inflation. Les animaux de compagnie sont pourtant bien souvent les bouches sur lesquelles les propriétaires font l'impasse quand ils doivent se serrer la ceinture. C'est une réalité qu'a constatée Bloomberg au Royaume-Uni où l'inflation a atteint 10,1% sur un an au mois de juillet.
L'agence en veut pour preuve le recours accentué ces derniers mois aux banques alimentaires dédiées aux besoins des animaux de compagnie. Au nord de l'Angleterre, l'association de protection des animaux RSPCA a fourni des repas à près de 20.000 chiens et chats en juillet, soit deux fois plus que six mois auparavant.
Au sud du pays de Galles, ce sont 46.000 repas qui ont été distribués à des propriétaires d'animaux depuis le début de l'année, ce qui représente une hausse de 25% par rapport aux six premiers mois de l'exercice 2021. A la tête du Pet Foodbank Service dans cette région, Debi Emmett s'inquiète de l'explosion des visites sur son site web depuis le début de l'été:
"Je suis assez terrifiée par les besoins à venir, reconnaît-elle. Les gens se disent : je nourris mon chien ou mes enfants ?"
De la malnutrition voire des abandons purs et simples
Mais tous les propriétaires n'ont pas le réflexe de solliciter ces banques alimentaires spécialisées. Certains nourrissent donc leur animal avec des pâtes ou du riz. Il faut dire que le prix des aliments pour animaux de compagnie a augmenté de près de 15% en moyenne au sein des quatre plus grands supermarché du pays d'après les chiffres du cabinet d'études de détail Assosia.
"Les gens ont vraiment du mal à payer leurs factures, à nourrir leur famille et à nourrir leurs animaux, observe Alison Fletcher, coordinatrice de la banque alimentaire à la RSPCA. On en arrive à un point où les gens doivent prendre des décisions vraiment difficiles pour savoir s'ils doivent nourrir leurs animaux plutôt qu'acheter de la nourriture pour eux-mêmes."
D'autres propriétaires vont même jusqu'à abandonner leur animal, faute de moyens financiers suffisants pour le conserver. Fin juillet, 20 chiots ont été retrouvés dans un cageot dans le comté de l'Essex, au nord-est de Londres. La RSPCA s'alarme d'une recrudesence de la maltraitance animale depuis le début de la pandémie et redoute une accentuation de ce phénomène en raison de l'inflation galopante.
Des projets pour étendre les dispositifs de distribution
L'association de protection des animaux collabore donc avec près de 60 banques alimentaires dans le nord de l'Angleterre, un chiffre qui pourrait approcher les 100 partenariats d'ici à 2023 selon Alison Fletcher. Parmi ces partenaires, figurent entre autres l'Armée du Salut, le Trussell Trust et les organisations communautaires locales qui distribuent déjà des repas. En juillet, plus d'une demi-tonne de nourriture a été livrée.
La coordinatrice de la banque alimentaire à la RSCPA souhaite étendre ces antennes à l'ensemble du pays. Pour ce faire, l'association dont elle fait partie pourra notamment compter sur un don de 180.000 euros de la part de la société de soins pour animaux Pets at Home Group Plc.