"Injuste et inexplicable": les campings fermés pour le week-end de l'ascension ont le blues

- - RAYMOND ROIG / AFP
A la veille du premier long week-end post déconfinement, les campings ont le blues. Parce que les hôtels et les chambres d’hôtes affichent complet, surtout ceux en périphérie des grandes villes, alors que les Français n’ont pas le droit d’aller à plus de 100 kilomètres de chez eux.
Mais les campings, eux, n’ont majoritairement pas obtenu l’autorisation d’accueillir du public, ce qui met en colère Sylvie Henry, la présidente de l'Unaparel, l'Union nationale des campings et des parcs résidentiels de loisirs. Interview.
BFM Eco: Pourquoi les campings n'ont pas le droit d'ouvrir?
Sylvie Henry: En fait cela dépend des départements. Certains préfets se sont prononcés pour l’ouverture des campings de leur zone, d’autres les ont autorisé seulement pour certains types de touristes comme les clients résidentiels. Ce sont des personnes qui louent une parcelle à l’année, et installent un mobilhome dessus. Et dans d’autres régions, les campings restent totalement fermés.
Quelles sont les zones en France qui leur interdisent de recevoir du public?
En Ile de France, tout est ouvert -les hôtels, les chambres d’hôtes, les gîtes, Airbnb- sauf les terrains de camping! C’est aussi un gros problème dans le Nord de la France, où pour les campings, 80% de la clientèle est résidentielle. Ce sont des gens qui travaillent en ville et viennent passer le week-end à la campagne dans leur mobilhome. C’est aussi le cas en Normandie et en Bretagne, où à ma connaissance, seuls deux départements ont autorisé les campings à recevoir du public. En plus, cela change tous les jours. Certains départements donnent des autorisations, et le lendemain, il y a un contre ordre. On a du mal à savoir où on en est.
Vous demandez à ces régions d’autoriser les campings à rouvrir dès ce week-end?
Dans un premier temps, on réclame de pouvoir recevoir aux moins ces clients résidents. Vous vous rendez compte, ils ont déjà payé leur emplacement pour l’année, et on leur dit qu’ils ne peuvent pas venir. Cela n’a pas de sens, leurs parcelles font au moins 100 mètres carré, ils n’ont pas besoin d’en sortir puisqu’ils sont raccordés à l’eau et ont douche et WC dans leur mobilhome. En plus, les gérants de camping se sont organisé pour laisser tout fermé: les aires de jeu, les sanitaires, etc. C’est ce qui nous rend furieux avec les adhérents: en accueillant les résidents, notre fonctionnement serait totalement identique à celui d’un gîte, et en plus chez nous les gens sont en pleine nature, les allées font au moins 4 mètres de large. Nous trouvons cela injuste et inexplicable.
Pourtant des campings ont continué à recevoir du public pendant le confinement?
C’est le second objet de ma colère: les campings n’ont jamais été fermés pour accueillir des soignants ou des travailleurs en déplacement, même au pire de la pandémie. Mais là, on veut travailler, et on ne peut pas recevoir de clients. C’est incohérent. Mes adhérents me racontent que les parking devant leur site sont pleins de camping-car, mais eux n’ont pas le droit de les accueillir.