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Faut-il vraiment espérer une baisse des prix du gaz en avril comme l'évoque Jean Castex?

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Le Premier ministre a annoncé un "bouclier tarifaire" pour protéger les consommateurs du gaz et l'électricité face aux brutales hausses de prix. Si le cours du gaz va probablement baisser au printemps, cela dépend encore de nombreux facteurs.  

Bloquer les prix pour passer l'hiver. Voici, dans les grandes lignes, l'intention du gouvernement alors que les tarifs régulés du gaz ont augmenté de plus de 12% ce 1er octobre. Face à cette inflation des factures, corrélée à celle des cours du gaz naturel liquéfié (GNL), le Premier ministre a annoncé un "bouclier tarifaire" qui gèle désormais les prix du gaz en attendant que les prix redescendent d'eux-mêmes. 

"A partir d'avril, selon les experts – nous verrons bien comment ça évolue - le prix du gaz devrait dégringoler. Donc évidemment, la chute sera plus lente puisque nous répercuterons la hausse d'aujourd'hui sur la moindre chute d'après" a expliqué Jean Castex sur TF1.

En clair, plutôt que d'augmenter brutalement les prix pendant l'hiver avant de les voir chuter tout aussi lourdement au printemps, l'exécutif choisit de lisser la courbe. 

Reste encore à savoir si les prix vont effectivement baisser en avril, comme le pense le gouvernement.

Une question de météo

Mécaniquement, le marché devrait effectivement être à la baisse pour une raison simple: la fin de l'hiver ralentit la demande qui a grimpé en flèche pendant les jours les plus froids. 

L'accalmie sur les prix du gaz sera aussi la conséquence de la surchauffe impressionnante depuis le début de l'année, qui conjugue plusieurs facteurs: une demande accrue par la relance économique, un hiver froid en Asie et tardif en Europe et la moindre performance des énergies renouvelables cet été. Autant de raisons qui ont tiré la demande, d'autant que la Russie, principal fournisseur en Europe, ne s'est pas privée de faire languir ses voisins européens. 

Mais une "dégringolade" des prix en avril est-elle assurée? Cela dépendra, là encore, de la situation en début d'année prochaine. La crise sanitaire (et donc la crise économique) sera-t-elle derrière nous? L'hiver sera-t-il plus rude ou plus doux?  

Compte tenu de la crise actuelle, la Norvège a promis d'augmenter ses exportations de GNL en Europe tandis que le très controversé gazoduc russe Nord Stream 2 devrait entrer en service courant 2022 contribuant à refroidir les prix actuels. 

Prix d'avant-crise?

Pour autant, il ne faudra probablement pas attendre une baisse aussi forte que fût la hausse. Pour une raison simple: les prix ont connu un plancher en 2020 faute de demande durant la pandémie. En théorie, les prix devraient retrouver un entre-deux, compte tenu des besoins industriels. De la même manière, la politique de décarbonation incite à se tourner vers le gaz naturel, moins émetteur de CO2 le pétrole. 

Du côté de l'électricité, 2022 ne sera pas une année de baisse des tarifs. Jean Castex a d'ailleurs prévenu que le gouvernement voulait seulement limiter la hausse des prix. Mais compte tenu des importants investissements nécessaires pour adapter le réseau électrique aux énergies renouvelables, la facture devait, de toute manière, augmenter dans les prochaines années. 

Thomas Leroy Journaliste BFM Business