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Eau en bouteille, voyages en avion... les Français ne comptent pas vraiment changer leurs habitudes

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Près de six Français sur dix ne se sentent pas coupables d'acheter de l'eau en bouteille, de voyager en avion ou de se faire livrer des repas.

Ce sont les "plaisirs coupables" des Français. L'institut Kantar a interrogé un millier de consommateurs français sur leurs comportements vis-à-vis de produits ou de services souvent pointés du doigt pour leurs conséquences néfastes sur l'environnement ou le modèle social. Fruits et légumes importés, viande, eau en bouteille, voyages en avion, livraison rapide de repas, mode, smartphones et cosmétiques… Une nette majorité de Français (59%) ne se sent pas coupable de les consommer.

Pourtant, lorsqu'on leur pose la question, 85% des consommateurs disent "qu'ils aimeraient avoir une consommation beaucoup plus responsable" en matière sociale ou environnementale, note Pierre Gomy, directeur développement durable de Kantar Insights, sur BFM Business. C'est le passage "des attitudes aux actes" qui bloque les changements de comportements: seuls 4 Français sur dix (39%) des sondés ont finalement l’intention de changer leurs habitudes de consommation en matière.

"Le premier frein, c'est que dans plaisir coupable, il y a plaisir", avance Pierre Gomy.

Le plaisir de consommer ces produits ou ces services est l'une des raisons avancées par les personnes interrogées pour justifier leur inertie de comportement. Sont également évoqués l'absence d'alternatives (85% des acheteurs d’eau en bouteille n’ont pas confiance en la qualité de l’eau du robinet ou n’aiment pas son goût, par exemple) ainsi que le prix (52% des consommateurs choisissent les fruits et légumes uniquement en fonction de ce que permet leur budget, par exemple).

Comportements paradoxaux

Sans oublier… le déni. Selon l'institut Kantar, un Français sur trois considère que sa consommation n’a pas de répercussions négatives sur la planète et la société, "notamment les plus âgés". Par ailleurs, les jeunes, qui semblent pourtant conscients des enjeux, affichent un comportement paradoxal: ils se font quatre fois plus livrer de repas, renouvellent deux fois plus leur smartphone, consomment deux fois plus d’eau en bouteille ou encore prennent davantage l’avion que les autres.

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Les consommateurs, dans les faits, se reposent surtout sur les efforts menés par les marques: 41% d'entre eux attendent d'elles qu’elles proposent des alternatives. "Comment est-ce qu'on arrive, pour quelqu'un qui prend l'avion, à lui offrir une possibilité de découvrir des nouvelles cultures, des nouveaux paysages, rencontrer de nouvelles personnes, de s'évader tout simplement? Pour une marque, ça veut dire redéfinir les imaginaires de consommation", estime Pierre Gomy.

C'est aussi une question de prix: 27% des personnes interrogées déclarent qu'elles achèteraient moins de viande si elle était plus chère, notamment "sous l'influence de taxes", et 21% qu'elles voyageraient moins en avion si les prix des billets grimpaient.

Nathan Cocquempot et Jérémy Bruno