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Dafalgan codéiné: son classement en générique "rend malade" le site d'Agen qui le produit

Par sa décision datée du 30 juillet, l'agence nationale du médicament a décidé de faire entrer le Dafalgan codéiné 500 mg dans la liste des médicaments génériques.

Par sa décision datée du 30 juillet, l'agence nationale du médicament a décidé de faire entrer le Dafalgan codéiné 500 mg dans la liste des médicaments génériques. - Georges Gobet-AFP

En ajoutant l'anti-douleur à la liste des médicaments génériques, l'agence nationale de sécurité du médicament provoque l'émoi dans l'usine d'Agen qui le produit. Cette décision, prise cet été, autorise les pharmaciens à proposer des génériques moins chers que le Dafalgan Codéiné. La direction du laboratoire agenais aurait sollicité un rendez-vous avec l’ANSM.

Une décision de classement en générique d'un médicament produit en France peut-elle avoir des conséquences sur l'emploi? C'est ce que redoutent les employés et la direction de l'usine UPSA d'Agen (1400 salariés) rapporte le quotidien régional La Dépêche. Ce site fabrique notamment le Dafalgan Codéiné 500 mg, dans un contexte où l'usine, premier employeur privé du Lot-de-Garonne, vient en outre de changer de propriétaire, passant dans le giron du laboratoire japonais Taisho.

La cause de l'émoi des salariés a pour origine une décision récente de l'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Publiée en plein été, le 30 juillet dernier, elle classe dans la liste des génériques, le Dafalgan Codéiné 500 mg, médicament prescrit uniquement sur ordonnance dont le marché oscillerait entre 10 et 20 millions d'euros, selon des sources internes au laboratoire citées par le quotidien régional Sud-Ouest.

Ce classement a pour conséquence la disparition de la marque commerciale, dans les prescriptions, au profit d'une dénomination commune, en l'occurrence, "paracetamol + codeine". En effet, depuis le 1er janvier 2015, tout prescripteur (médecin, chirurgien-dentiste, sage-femme) a l’obligation de prescrire en dénomination commune, c'est-à-dire la dénomination scientifique du médicament.

Les patients continueront-ils d'acheter le médicament ou son générique?

En outre, les pharmacien(ne)s sont autorisé(e)s à substituer le médicament en le remplaçant par un autre du même groupe générique que la spécialité prescrite, mais souvent moins cher. Autrement dit, si le patient persiste dans son choix d'opter pour le Dafalgan codéiné produit par UPSA Agen, il devra payer la différence de prix, en sa défaveur.

Pas sûr que les patients optent à l'avenir pour cette solution qui leur coûtera plus cher. La crainte principale du laboratoire agenais est surtout d'être mis en concurrence avec des sites de production de génériques à bas prix qui sont souvent situés dans des pays à faible niveau de salaire. 

Nul doute que les nouveaux propriétaires japonais du site industriel d'Agen regarderont de très prés l'impact de cette décision de classement en générique sur l'activité de l'usine. Selon le quotidien régional Sud-Ouest, la direction du laboratoire agenais a récemment sollicité un rendez-vous avec l’agence nationale de sécurité du médicament: elle aurait en tête de demander la possibilité d'un réexamen de la décision prise par l'ANSM.

"Déjà en 2013, les pouvoirs publics avaient lancé l'idée d'un transfert des antidouleurs utilisant le paracétamol dans le groupe des génériques. Un vent de fronde s'était levé en Lot-et-Garonne car la menace sur l'emploi était directe à cette échelle" rappelle La Dépêche. Cette fois-ci la décision est passée discrètement durant l'été.

Frédéric Bergé