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Coronavirus: pourquoi près de15% des buralistes restent fermés alors que les ventes de tabac s'envolent

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- - Fabien1309 - WikimediaCommons

En France, près de 3000 buralistes gardent portes closes alors qu'ils sont autorisés à accueillir des clients. Si les frontaliers connaissent une explosion des ventes, d’autres bureaux de tabac ne voient plus passer personne depuis le confinement.

A la différence des autres commerces non-alimentaires, les bureaux de tabac ont l’autorisation d'ouvrir depuis que la France s'est confinée. Pourtant, 10% voire 15% des 24.000 buralistes français ont fermé leurs portes depuis le 16 mars, selon les estimations de leur confédération. 

La proportion de bureaux fermés serait encore plus massive dans les grandes villes: à Paris par exemple, les deux-tiers des bureaux de tabac ne lèvent plus le rideau, selon le recensement de la fédération des buralistes d’Ile-de-France. Et les files d’attente s’allongent devant ceux restés ouverts.

Mais pourquoi fermer alors que les ventes de cigarettes explosent de 30% depuis que la France s’est confinée?

“Cette augmentation recouvre des situations hétérogènes, explique Philippe Coy, président de la confédération des buralistes. Les ventes ont été multipliées par deux voire trois dans les tabacs proches de la Belgique, du Luxembourg, de l’Italie et de l’Espagne, à cause de la fermeture des frontières, mais ailleurs, l’activité est stable, et sur tous les produits hors tabac, les jeux, les journaux etc, les ventes reculent”, souligne le représentant des tabacs français.

Si vous êtes buraliste à La Défense, à quoi bon ouvrir

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles beaucoup de buralistes ont fermé selon lui. “60% des tabacs en France sont des bar-tabacs. Or ils ont été contraints de fermer la partie brasserie avec le confinement. Et pour ceux dont cette activité représentaient plus de 80% du chiffre d’affaires, n’ouvrir que pour vendre des cigarettes coûte plus cher que de fermer”, détaille Philippe Coy. 

Autre explication: certains tabacs sont situés dans des zones où, depuis le confinement, il n’y a plus de passage. “Si vous êtes buraliste à La Défense, à quoi bon ouvrir? contextualise le président de leur confédération. C’est ce qui expliquerait la très forte proportion de fermetures en Ile-de-France: "dans les quartiers de bureaux désertés, ouvrir pour 10-20 clients à la journée quand vous en aviez 300, ça n’a pas de sens”.

Dernière hypothèse à propos de ces fermetures: la peur d’attraper le coronavirus. Au début du confinement, des profils à risque avaient été dessinés. "On parlait de personnes de plus de 60 ans, de ceux qui avaient du diabète ou des antécédents cardiaques". Ainsi, pour Philippe Coy “il se peut que des propriétaires de tabac qui se retrouvaient dans ces portraits-robots aient préféré ne pas s’exposer”. 

Mais la tendance serait à la réouverture. Ainsi la confédération des buralistes estime qu’à Paris, le taux de 65% de tabacs fermés enregistré par la fédération francilienne la semaine dernière serait obsolète. Aujourd’hui dans la capitale, “il doit y avoir un tabac ouvert sur deux”.

Nina Godart