Cette station de ski du Massif central en redressement judiciaire pour cause de manque de neige

Dans les Pyrénées, la station de ski de Luchon-Superbagnères a dû faire livrer de la neige en altitude par hélicoptère à la mi-février 2020. - Anne-Christine Poujoulat
Le manque de neige dans certains massifs se traduit par un manque à gagner mettant en difficulté les stations de ski de moyenne montagne. Vendredi dernier 28 février, à la station de ski Mont-Dore (Puy-de-Dôme), seules deux pistes vertes sur quinze étaient ouvertes, ainsi que quatre pistes rouges sur six, mais aucune piste noire ou bleue, selon le site internet du massif du Sancy (cf illustration ci-dessous).
Le chiffre d'affaires est à 20% de ce qui se fait d'ordinaire
Pour Patrick Déat, directeur de la Saem (société anonyme d'économie mixte) qui exploite les remontées mécaniques, un tel manque de neige n'avait pas été observé depuis les années 1990. La station emploie 21 salariés permanents et 65 saisonniers, dont certains travaillent à mi-temps.
Résultat: cette station de moyenne montagne va être placée en redressement judiciaire en raison du manque de neige qui affecte d'autre stations dans les Vosges ou les Pyrénées, selon l'exploitant des remontées mécaniques de la commune.
"Compte tenu du manque d'enneigement aux vacances de février, notre chiffre d'affaires a plongé et représente 21% de ce que nous faisons habituellement, avec un déficit atteignant quasiment 2 millions d'euros", a expliqué Patrick Déat. "Le chiffre d'affaires est actuellement de 625.000 euros, alors que nous sommes à 3 millions d'euros à cette époque de l'année pour une saison normale", a-t-il précisé.

Face à cette situation, le conseil d'administration de la Saem a décidé de mettre en place à partir du lundi 2 mars une procédure de redressement judiciaire "pour sauvegarder l'emploi", a ajouté le responsable, confirmant une information du quotidien régional La Montagne.
Après la saisine du tribunal de commerce, une période d'observation de 15 à 18 mois sera mise en place et la station bénéficiera d'un report de charges. "Pour l'été, nous essaierons de réduire les charges au maximum. La station fonctionnera uniquement avec les salariés permanents", a souligné le responsable des remontées mécaniques.
Face à la réduction de l'enneigement, les stations de ski, notamment en moyenne montagne, réfléchissent au développement de nouvelles activités (balades, luges d'été, VTT...). "Nous avons commencé à diversifier nos activités, avec une tyrolienne ou des trottinettes, mais c'est toute la logique qu'il faut changer. Cela demande de gros investissements et, de toutes façons, ces activités ne rapporteront jamais autant que le ski", a noté Patrick Déat.
Avec le changement climatique, l'exceptionnel risque de devenir la norme. Le manque d'enneigement se fait sentir en France métropolitaine à moyenne altitude, entre 1200 et 2000 mètres, selon Météo-France. D'ici 2050, le phénomène va encore s'accélérer, quels que soient les efforts faits pour lutter contre le réchauffement de la planète.