Baguette à 29 centimes: Christiane Lambert (FNSEA) pointe le "mépris" de Michel-Edouard Leclerc
"C'est un coup politique et démagogique", dénonce sur BFMTV Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), invitée à réagir sur la baguette à 29 centimes de Leclerc.
La veille, Michel-Edouard Leclerc, président du groupe éponyme, annonçait sur RMC que le prix de la baguette de pain dans les magasins du groupe serait bloqué à 0,29 euro pendant au moins quatre mois.
"Rendez-vous compte, s'il se permet de la vendre à 29 centimes, ça veut dire que quand il la vend 60 ou 70 centimes, il se fait un pognon de dingue. [...] Il méprise aussi le travail de ses salariés car du coup, ils ne travaillent pour rien", déplore Christiane Lambert.
Un "très mauvais signal"
La présidente de la FNSEA dénonce un coup de communication, alors que les négociations commerciales avec les distributeurs sont en cours. "Les prix ont augmenté, pour le blé et pour tous les intrants, pour les engrais, l'électricité, les carburants... C'est un très mauvais signal" , affirme-t-elle.
"Michel-Edouard Leclerc veut se positionner en champion des prix bas. Mais il est le champion des faillites en France, poursuit Christiane Lambert. Nous sommes le seul pays où les négociations sont aussi difficiles et c’est très souvent Michel-Edouard Leclerc qui mène la danse, même si d’autres rivalisent".
"Avec des prix toujours plus bas, il y aura plus de faillites"
Elle rappelle que dans le prix d'une baguette, "6 centimes représentent le blé", et "12 centimes la farine car il faut l’écraser, la mettre en sachet puis la livrer". "Ensuite, il y a le travail. Le laboratoire, le four, les personnes qui travaillent. Est-ce que le travail mérite salaire? Est-ce que vous, vous travaillez pour rien?", s'impatiente la présidente de la FNSEA.
Interrogée sur l'augmentation du prix de la baguette depuis plusieurs années, elle a rappelé que l'inflation alimentaire était de 1,4%, quand tous les prix à la consommation augmentent de 2,8%. "Donc l’alimentation augmente deux fois moins que le reste des autres produits, c’est l’Insee qui le dit", tranche-t-elle.
En décembre, le ministère de l'Agriculture révélait que 100.000 exploitations agricoles avaient disparu en dix ans. "Tout le monde s'en lamente, mais ça fait 8 ans que les prix à la consommation, pour les productions agricoles, baissent. Avec des prix toujours plus bas, il y aura plus de faillites, plus d’agriculteurs en difficulté, on importera des produits, et vous aurez ruiné l’agriculture française. C’est ça que veut la grande distribution? Je ne le pense pas", affirme Christiane Lambert.