Comment le gazpacho a conquis la planète

Des milliers de kilos de légumes entiers sont lavés, broyés puis filtrés chaque jour par les machines de l'usine d'AMC à Espinardo, en Murcie - José Jordan
Chaque année, pendant la saison qui commence après Pâques et s'achève en septembre, des dizaines de millions de litres de gazpacho inondent le marché. En juillet 2020, pas moins de 32 millions de litres ont été produits, 67 millions pour toute l'année 2019, selon le cabinet d'études Nielsen.
Née en Andalousie, le gazpacho (ou gaspacho) a pris place désormais dans les frigos français, allemands, slovaques, finlandais, américains, et même japonais. Tomates, poivrons, concombres, oignons, huile d'olive, vinaigre, sel : quelques ingrédients crus pour un produit industriel qui coche les bonnes cases: vegan, vitaminé, peu sucré. Ultra frais, il se conserve entre 70 à 90 jours, un défi pour les industriels également attentifs à la météo: comme pour les glaces, les ventes de gazpacho s'envolent lors des vagues de chaleur.
Pepsico a racheté la marque Alvalle dès 1999
Le succès naissant du produit il y a 20 ans a attiré le géant Pepsico qui a racheté en 1999 Tropicana Alvalle, le plus connu des trois grands du gazpacho.
Mais le numéro 1 du secteur est Garcia Carrion qui commercialise plusieurs gazpachos sous de nombreuses marques, tout comme AMC Natural Drinks (le troisième exportateur agroalimentaire espagnol).

Si la recette est andalouse, les leaders du secteur sont implantés dans la région voisine de la Murcie, dans le sud-est.
Ils concentrent près de 75% de la production mondiale avec un chiffre d'affaires global de 119,2 millions d'euros (+12,4%) sur la période d'avril 2018 à août 2019 selon les chiffres de Alimarket, l'observateur de référence de l'agroalimentaire en Espagne.
Au début des années 2010, "c'est Alvalle qui a ouvert la porte...Ensuite, tous les supermarchés nous ont réclamé leur gazpacho", sourit Monica Perez Alhama, cheffe du développement produit et nutrition chez AMC.
Des milliers de kilos de légumes entiers sont lavés, broyés puis filtrés chaque jour par les machines de l'usine d'AMC à Espinardo, en Murcie.
Le gazpacho non pasteurisé est très tendance
Car les juteuses tomates affichées sur les emballages proviennent des serres de "la mer de plastique" qui s'étend sur des dizaines de milliers d'hectares en Andalousie, que les industriels préfèrent appeler "le potager de l'Europe".
Devant le procès fait à cette l'agriculture intensive, les trois marques se targuent de s'approvisionner localement, mettent en avant la fraîcheur des ingrédients, et ont entrepris un effort de réduction de la consommation d'eau et d'énergie... comme dans la dernière usine de 28.000 m2 où Alvalle a investi 31 millions d'euros.
La dernière tendance? Le gazpacho non pasteurisé, à la date de péremption plus courte répondant à une demande globale de la grande distribution pour "plus de fraîcheur".
