Chômage: pourquoi la catastrophe sociale n'a pas eu lieu

La pire crise économique depuis la seconde guerre mondiale sera-t-elle finalement moins pire que prévu? Depuis quelques semaines les prévisions sont bien plus optimistes et notamment sur le front de l’emploi.
Aux Etats-Unis, le chômage qui avait explosé en mai dernier jusqu'à dépasser les 14% de la population active (contre 3,5% avant crise) a depuis fortement reculer à 6,2%.
En France, la catastrophe aussi semble pouvoir être évitée. La Banque de France a revu à la baisse sa prévision de taux de chômage pour fin 2021 à 9,5% contre 10% précédemment. On rappelle qu’elle anticipait 11,5% il y a moins d’un an.
Des prévisions qui sont bien plus optimistes que pour la crise de 2008. Selon une analyse de S&P Global Ratings, il avait fallu 7 ans à la zone euro pour retrouver son niveau d’emploi d’avant crise. Là ça ne devrait prendre "que" 4 ans.
Un optimisme lié à la nature de la crise : le système financier est bien moins touché qu'en 2008 avec des niveaux de solvabilité bien plus élevés et les trésoreries des entreprises ont été relativement épargnées dans l'ensemble.
Un quart des Européens en chômage partiel
Mais c'est surtout grâce aux mesures de chômage partiel qui ont été d’une efficacité redoutable. Au pic de la crise : près d’un quart des Européens ont été concernés. 34% en France, 30% en Italie par exemple. En 2008, ce taux n'avait pas dépassé les 3% dans la zone euro.
Les entreprises n’ont pas eu à licencier et sur un marché de l’emploi européen moins flexible que l'américain ça a permis de conserver l'appareil productif.
Si la casse sociale ne sera pas du niveau de l'effondrement économique qu'a connu le pays, certains secteurs seront toutefois touchés. Selon Rexecode ce sont 200 à 250.000 emplois qui devraient être détruits dans les secteurs les plus contraints par les mesures de luttes contre la pandémie: l'hôtellerie, la restauration, les transports, les loisirs…
Les scénarios envisagés sont aujourd'hui ceux d'une économie à deux vitesses avec des secteurs qui vont repartir très fort après le dégel et d’autres maintenu artificiellement par des aides d’Etat qui vont licencier, les "entreprises zombies".
On devrait assister à une stagnation sur le marché de l'emploi, estime la Banque de France, le temps que l’économie reparte (9 à 12 mois). Et ce sont malheureusement les jeunes qui vont en pâtir.
