"Ce n'est pas la fin de l'histoire": Marc Ferracci appelle Bruxelles à prendre ses "responsabilités" pour améliorer l'accord avec Trump

Le ministre français de l'Industrie, Marc Ferracci, quitte le palais de l'Elysée, à Paris, le 16 juillet 2025 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Ressenti mitigé aussi pour Marc Ferracci. Invité de RTL ce lundi 28 juillet au matin, le ministre de l'Industrie et de l'Énergie a exprimé "une forme de soulagement" liée à "la sortie de l'incertitude" que permet l'accord conclu dimanche entre les États-Unis et l'Union européenne sur les droits de douane... Mais, comme son collègue Benjamin Haddad, ministre de l'Europe, il considère que "c'est un accord qui est déséquilibré".
Celui-ci "doit nous inciter à continuer à travailler au rééquilibrage commercial entre l'Europe et les États-Unis", a insisté le ministre de l'Industrie et de l'Énergie.
"Sur le sujet des services, les États-Unis sont exportateurs de services vis-à-vis de l'Europe. Je pense qu'il faut aller plus loin sur le rééquilibrage et faire en sorte que les grandes entreprises américaines contribuent plus lorsqu'elles exportent des services et notamment des services numériques en Europe", a-t-il souligné.
Dimanche, le président américain Donald Trump s'est félicité du "plus grand accord jamais signé", prévoyant des droits de douane de 15% sur les exportations européennes en direction des États-Unis. Ils étaient jusqu'à présent de 10% depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche qui les menaçait de taxes de 30% au 1er août.
"C'est un accord qui porte sur des volumes extrêmement importants, ça couvre quasiment la totalité des biens manufacturés et agricoles qui concernent le commerce entre les États-Unis et l'Europe", reconnaît Marc Ferracci.
"Certaines filières importantes pour l'industrie européenne, comme l'aéronautique, comme les spiritueux, devraient être exemptés. Nous aurons le détail de cet accord dans la journée. Et ensuite, des négociations techniques auront lieu dans les prochaines semaines", a-t-il précisé.
Des négociations techniques à venir
Marc Ferracci attend désormais des engagements de la commission européenne qui a conclu cet accord avec Donald Trump. Elle "a une responsabilité aujourd'hui, celle d'accélérer, de consolider, des mesures de soutien à nos entreprises industrielles, des mesures de lutte contre la concurrence déloyale, qu'elle vienne d'Asie, de tout pays", a-t-il déclaré.
"Sur ce plan, nous avons besoin dans les toutes prochaines semaines, d'avoir des résultats", a-t-il poursuivi.
Considèrant que "cet accord, ce n'est pas la fin de l'histoire", le ministre de l'Industrie et de l'Énergie plaide pour "accélérer sur notre agenda de compétitivité".
"Cela veut dire très concrètement imposer une préférence européenne dans les marchés publics, cela veut dire mieux nous protéger contre la concurrence déloyale dans les filières comme la sidérurgie, la chimie, qui aujorud'hui souffrent d'être face à des productions venant de Chine qui sont massivement subventionnées".
Comme l'a rappelé Marc Ferracci, une phase de négociation technique va désormais s'ouvrir. Celle-ci permettra de discuter "dans le détail des exemptions qui pourront être celles des filières européennes vis-à-vis des droits de douane américains". Une phase qui pourrait "durer des semaines, des mois", a indiqué le ministre.
"Quand les États-Unis ont conclu un accord avec la Chine, il y a ensuite eu une phase de négociations qui a duré des semaines, nous en sommes là", a-t-il précisé.
Recours à l'outil anti-coercition européen?
Malgré les inquiétudes exprimées dans le secteur de l'automobile mais aussi du côté des vignerons, "il est trop tôt", selon le ministre, pour dire qui seront les premières victimes de ce nouvel accord commercial entre l'UE et les États-Unis. "Je suis à l'écoute de mes industriels, de l'ensemble des filières, j'étais la semaine dernière à la tête d'un conseil national de l'industrie qui a adopté un avis (...) qui disait qu'un accord déséquilibré aurait des conséquences potentiellement dommageables pour l'industrie européenne avec des pertes d'emploi, des pertes de compétitivité".
"Notre responsabilité aujourd'hui, c'est de faire en sorte que cet accord soit le moins déséquilibré possible, faire en sorte qu'il se rééquilibre sur le volet des services".
Et pour ce faire, le ministre appelle la commission européenne à ne pas exclure le recours à l'outil anti-coercition. "Un outil que nous ne devons pas nous priver d'utiliser. Cela permet par exemple de limiter l'accès des entreprises américaines aux marchés publics européens, cela permet d'introduire une pénalisation de certains acteurs comme les plateformes numériques", a-t-il énuméré.