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"Ça va encore déraper": le rapporteur du Budget Charles de Courson ne croit pas aux baisses de dépenses publiques

Le député membre du groupe LIOT et rapporteur général du budget Charles de Courson lors d'une séance de débat sur le projet de loi de finances 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 24 octobre 2024

Le député membre du groupe LIOT et rapporteur général du budget Charles de Courson lors d'une séance de débat sur le projet de loi de finances 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 24 octobre 2024 - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP

Dans un entretien aux Echos, le rapporteur du budget à l'Assemblée conteste les prévisions trop optimistes du gouvernement et assure que les efforts sur les dépenses n'en sont pas vraiment.

Un déficit du Budget ramené à 5,4% du PIB (contre 6,1% en 2024) et un effort de 53 milliards d'euros. Déjà modeste, l'ambition du gouvernement concernant la trajectoire de déficit budgétaire serait-elle même trop optimiste encore ? C'est ce qu'estime le député Charles de Courson dans un entretien aux Echos.

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP), le rapporteur du budget à l'Assemblée nationale écarte d'abord l'idée d'un Budget Bayrou qui serait "austéritaire" comme le qualifie le président de la commission des finances, Eric Coquerel. Car selon Charles de Courson, toutes les dépenses augmentent.

"On ne peut pas parler d'austérité, assure-t-il. La dépense publique augmente de 27 milliards d'euros par rapport à 2024 dans le texte issu de l'examen au Sénat. Le budget de l'Etat est en hausse, celui des administrations publiques locales également, et celui des administrations de la Sécurité sociale encore davantage."

Alors que le gouvernement évoque un effort de 53 milliards d'euros dont 32 milliards de baisses de dépenses, le député réfute cette présentation.

"Trop d'incertitudes"

"[Le gouvernement] comptabilise dans les baisses de dépenses des éléments qui sont en réalité des hausses de prélèvements, comme la baisse des allègements de charges sociales sur les salaires, indique Charles de Courson. Pour résumer : sur ces 53 milliards d'euros d'effort, le gouvernement annonce 40 % d'augmentation des recettes et 60 % de diminution des dépenses. Mais c'est exactement l'inverse si on compare à la loi de finances 2024 plutôt qu'au tendanciel."

Une présentation qui selon le député n'est pas tout à fait juste et qui repose de plus sur des hypothèses trop optimistes pour limiter le déficit à 5,4%. D'une part il y aurait un aléa institutionnel concernant la surtaxe d'impôt sur les sociétés et la contribution sur les hauts revenus que le Conseil constitutionnel pourrait censurer pour sa partie rétroactivité sur l'ensemble de l'année.

Ce sont enfin les prévisions macroéconomiques que le rapporteur remet en cause. Alors que le gouvernement a ramené son estimation de croissance de 1,1% à 0,9% en 2025, le député n'y croit pas.

"Le consensus des économistes est aujourd'hui plus proche de 0,7 %. Il en va de même pour la prévision d'inflation, qui reste trop élevée vu l'évolution des prix. Cela représente environ 6 milliards d'euros de recettes qui risquent de ne pas se matérialiser par rapport au PLF 2024, estime le député. Tout est réuni pour que ce budget dérape [...] la discussion parlementaire se fonde sur des hypothèses en décalage avec la réalité."

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco