BFM Business
Economie

BPI a poussé l’ancien patron de Safran à la présidence d’Alstom

placeholder video
La Banque publique a perdu près de 400 millions d’euros en investissant dans le fabricant de trains. Elle reste frileuse pour réaliser une augmentation de capital.

Le changement de gouvernance intervenu mercredi chez Alstom est signé BPI France. La Banque publique d’investissement est le nouveau grand actionnaire du groupe de transport ferroviaire. Elle a investi environ 750 millions d’euros, pour 7,5% du capital, au mois de février. Mais depuis, le cours de Bourse a été divisé par deux. Elle est le deuxième actionnaire, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) détient 17,4% depuis le rachat de Bombardier. Mais se revendique comme "l’actionnaire de référence" d’Alstom et impose ses choix.

Selon plusieurs sources proches du groupe, la BPI a poussé la nomination de Philippe Petitcolin à la présidence d’Alstom. L’ancien directeur général de Safran prendra ses fonctions lors de l’assemblée générale de juillet 2024 après laquelle l’actuel PDG, Henri Poupart-Lafarge, ne conservera que la direction générale.

Duel de duos

Philippe Petitcolin a été "élu" à "l’unanimité des administrateurs moins une abstention", note une source. Le changement de gouvernance a été acté au début de l’automne lorsque le cours de Bourse d’Alstom s’est effondré de 30% suite à une alerte sur la trésorerie du groupe. L’administrateur référent, Yann Delabrière, faisait figure de candidat logique pour la présidence du conseil où il siège depuis 2017. Il est proche d’Henri Poupart-Lafarge avec qui il aurait formé un duo.

Mais BPI France a préféré un président pour "surveiller de près" la direction, explique un proche de l’institution publique. Un autre duo car Philippe Petitcolin retrouvera à la direction financière d’Alstom celui qui occupait les mêmes fonctions chez Safran, à ses côtés, pendant cinq ans. Bernard Delpit a d’ailleurs aussi été administrateur de BPI France entre 2018 et 2021. Ce petit monde se connait bien.

Le journal de 7h - 15/11
Le journal de 7h - 15/11
7:52

Augmentation de capital en suspens

Dans les prochains mois, la direction devra décider de la nécessité d’une augmentation de capital alors qu’Alstom accusera cette année un "trou" dans sa trésorerie entre 500 et 750 millions d’euros. Là encore, BPI France tente de l’éviter pour ne pas avoir à réinvestir. "L’éventail de moyens à mobiliser pour redonner des marges de manœuvre à Alstom reste à affiner, assure un porte-parole de la banque publique. Dans tous les cas BPI France assumera ses responsabilités d’actionnaire de référence". Selon nos informations, le PDG Henri Poupart-Lafarge, y semble désormais plus favorable pour éviter de céder trop d’actifs.

Dans l’entourage d’Alstom, plusieurs sources pointent du doigt l’administrateur Baudouin Prot qui pousserait aussi une augmentation de capital. Il est l’ancien patron de BNP Paribas, la banque française qui vient d’accorder au groupe un prêt de 2,25 milliards d’euros.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business