Bernard Arnault assure que LVMH ne peut pas se "brouiller avec les États-Unis" sur les droits de douane et annonce ouvrir un nouvel atelier près de Dallas

Le PDG de LVMH Bernard Arnault auditionné par la commission d'enquête sur les aides publiques aux grandes entreprises du Sénat, le 21 mai 2025. - Sénat
Le PDG du numéro un mondial du luxe LVMH Bernard Arnault estime "indispensable" que l'Union européenne (UE) trouve "un accord (commercial) à l'amiable avec les États-Unis", sous peine de lourdement pénaliser les entreprises françaises et européennes, ce jeudi dans un entretien au Figaro.
"Nous ne pouvons pas nous permettre de nous brouiller avec les États-Unis et de nous lancer dans une guerre commerciale avec le principal marché de nos entreprises", met-il en garde, prévenant que cela serait "très nuisible aux industriels européens, et en particulier aux entrepreneurs français", selon les propos publiés. "Même si cela peut paraître facialement déséquilibré, ce sera préférable au bras de fer", insiste-t-il.
Le dirigeant qui dit tabler sur une issue "pragmatique, efficace et amicale" des discussions entre Européens et Américains, annonce dans le même temps l'ouverture d'un nouvel atelier aux États-Unis: "Louis Vuitton possédait déjà un atelier aux États-Unis quand je suis arrivé chez LVMH. Étant donné le développement de la maison aux États-Unis, nous en avons ouvert un nouveau il y a cinq ans, et nous prévoyons d'en ouvrir un autre pour répondre à la demande, toujours au Texas", annonce-t-il également.
Ce nouvel atelier sera près de Dallas où Louis Vuitton possède déjà un atelier, inauguré en 2019 en présence de Donald Trump, et devrait être livré fin 2026 ou début 2027, a précisé à l'AFP une source proche du dossier.
Contourner les droits de douanes en délocalisant aux États-Unis
LVMH, qui réalise 25% de ses ventes aux États-Unis, possède déjà trois ateliers Louis Vuitton et quatre ateliers de la marque américaine Tiffany sur le territoire américain. "Pour nos clients américains, acheter un produit Louis Vuitton Made in USA ne pose d'ailleurs aucun problème", précise Bernard Arnault.
En mai, son concurrent François-Henri Pinault, PDG du groupe Kering qui détient Gucci, Yves Saint Laurent ou encore Balenciaga, avait déclaré que "ça n'aurait pas de sens d'avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas".
Lors de la première salve de négociations sur les droits de douane américains en avril, Bernard Arnault - qui avait assisté aux premières loges à l'investiture de Donald Trump quatre mois plus tôt - estimait que si "on se retrouve avec des droits de douane élevés, (...) on sera amené à augmenter nos productions américaines".
Un mois plus tard, il avait été reçu avec son fils Alexandre à la Maison Blanche par Donald Trump, qui les a qualifiés de "très bons amis" en marge de la préparation de la Coupe du monde de football 2026.