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Bercy engage le désendettement à marche forcée de la France

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Bruno Le Maire et Gabriel Attal veulent accélérer le désendettement de la France et plus rapidement que prévu. A cause de la remontée des taux d'intérêt, la France n'a plus les moyens de s'endetter.

C'est une ère pleine de dangers qui s'ouvre pour les finances publiques françaises. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, et Gabriel Attal, ministre chargé des comptes publics, ont présenté hier des objectifs de réduction du déficit et de la dette plus ambitieux que prévu.

Une accélération pour revenir dans les clous de Bruxelles, évidemment, mais aussi et surtout parce que la France n'a plus les moyens de s'endetter à cause de la remontée des taux d'intérêt. Pour la première fois depuis le début des années 2010 et la crise des dettes souveraines en Europe, la France doit construire ses budgets et sa trajectoire financière avec des taux d'intérêt supérieurs à 3%.

Un changement radical par rapport aux dernières années où la France pouvait presque s'endetter sans compter avec des taux proches de zéro. Un cycle qui a notamment permis de financer les baisses d'impôts, le "quoi qu'il en coûte" de la crise sanitaire, le plan de relance ou encore le bouclier énergétique.

La charge de la dette s'envole

Mais cette époque est révolue. En 2027, la charge de la dette sera le premier poste de dépenses de l'Etat, à 71 milliards d'euros. A titre de comparaison, la France va dépenser cette année 44 milliards dans sa défense et 60 milliards dans l'éducation nationale.

Doucement mais sûrement, la dette française est donc déjà en train de s'emballer. Elle augmente de près de 15 millions d'euros par heure ! Et la charge de la dette va augmenter de 55% sur le quinquennat. Résultat, les ministres n'hésitent plus à employer les mots qui fâchent.

"La France doit reprendre le contrôle de sa dette", ont soutenu, en chœur, Bruno Le Maire et Gabriel Attal.

Des formules censées rassurer nos partenaires européens qui, eux, ont déjà engagé l'assainissement de leurs comptes publics.

Le message est aussi adressé aux agences de notation qui actualisent régulièrement leur évaluation de nos finances publiques, à commencer par Moody's qui publiera ce soir après la clôture des marchés son actualisation de la note française. Puis ce sera au tour de Fitch la semaine prochaine et de Standard & Poor's début juin.

Par Thomas Sasportas