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Avenir de Casino: Saint-Etienne se mobilise pour ne pas revivre le drame de Manufrance

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Tout Saint-Etienne est appelé à défiler ce dimanche pour défendre Casino, fleuron de l'économie locale créé il y a 125 ans. Le groupe de grande distribution risque d'être démantelé.

"Vert de rage". C'est l'un des slogans que les manifestants brandissent ce matin lors d'une manifestation à Saint-Etienne pour tenter de s'opposer au démantèlement du groupe Casino.

La manifestation doit réunir aujourd'hui entre 3.000 et 5.000 Stéphanois. À l'appel de l'intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), les manifestants se sont donné rendez-vous rue Antoine Guichard, l'un des petits-fils de Geoffroy Guichard, fondateur de Casino, et dirigeant emblématique de 1990 à 2003. Un symbole destiné à rappeler que, pour les Stéphanois, Casino n'est pas une marque comme une autre.

Casino est un fleuron de l'économie locale. Créé il y a 125 ans, son histoire est intimement liée à la ville comme l'a été Manufrance. Le démantèlement du groupe est un nouveau traumatisme après la relégation des "Verts", son emblématique club de foot. Le club de foot, qui s'appelait à sa naissance l'"Association sportive Casino" évolue aujourd'hui en ligue 2, loin des années de gloire des Verts. Le stade Geoffreoy-Guichard porte le nom du fondateur de Casino.

1.200 emplois menacés à Saint-Etienne

Cette marche organisée par l'intersyndicale vise à éviter "un nouveau Manufrance" et le risque d'une véritable catastrophe économique et sociale avec une nouvelle disparition d'emplois". Le groupe de distribution employait encore fin 2022 200.000 personnes dans le monde dont 50.000 en France. Il se trouve désormais dans une situation financière très périlleuse avec une dette évaluée par l'intersyndicale à un montant entre 7 et 12 milliards d'euros.

"On craint plus qu'une vente à la découpe. On craint la mort du groupe Casino. C'est un drame social, un drame humain et un drame économique. Les actionnaires et les dirigeant du groupe ont joué au poker menteur mais pas dans le bon Casino", déclare à BFMTV Hervé Bezerka, secrétaire fédéral CFE-CGC agro et salarié du groupe Casino depuis 32 ans.

Prudent, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a rencontré les représentants du personnel mercredi. Il affirme suivre de près la situation et faire son possible pour préserver "le maximum d'emplois" en tenant compte des "réalités économiques".

Lors de cette réunion, l'un des porte-parole de l'intersyndicale, Jean Pastor (CGT), indiquait que le ministre avait promis que "l'examen des offres de reprise serait réalisé sous l'angle social". Mais "on ne peut pas croire qu'il n'y aura pas de perte d'emploi", a-t-il ajouté.

Sur les 1.800 personnes qui travaillent sur le site de Saint-Etienne, 1.200 "travaillent dans les hypers et supermarchés", a noté Bruno Le Maire laissant entendre que ces emplois seraient menacés en cas de cession.

Les offres présentées le 19 décembre

Le groupe a signé en juillet un accord prévoyant la restructuration de la dette, avec, à horizon mars-avril 2024, une prise de contrôle par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor.

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Mais dans l'intervalle, les performances commerciales ne se sont pas beaucoup améliorées et le groupe encore dirigé pour quelques mois par Jean-Charles Naouri a dû revoir plusieurs fois à la baisse ses ambitions financières, avant de se dire prêt à céder des magasins si des concurrents étaient intéressés.

"Nous manifestons pour montrer que l'on se bat, pour témoigner de notre désapprobation vis-à-vis de ce démantèlement", a expliqué à France 3 Région Jean Pastor, de la CGT et porte-parole de l'intersyndicale.

Selon les syndicats, "les offres fermes et définitives" de reprise des magasins par les autres enseignes du secteur leur seront présentées le 19 décembre à l'occasion d'une réunion à Saint-Etienne avec le consortium et l'intersyndicale.

"Les futurs repreneurs doivent annoncer ce qu'on sait déjà, c'est-à-dire la liste de l'ensemble des magasins qui doivent être malheureusement repris ou vendus à d'autres enseignes", déclare Hervé Bezerka.

Une vaste cession serait lourde de conséquences sur l'emploi dans les sièges du groupe et son réseau de logistique. Vendredi, une nouvelle mobilisation est prévue.

"On appelle tous les magasins, tous les entrepôts et tous les salariés en France à se mobiliser", annonce à BFMTV Estelle Silbermann, représentante CFDT et salariée de Casino depuis 2001 en appelant à "sauver ce qui est sauvable".
Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco