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Au Royaume-Uni, la "pingdémie" met des entreprises à l'arrêt

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L'appli NHS, équivalent britannique de Tous Anti Covid, contraint 2 millions de salariés à se mettre en quarantaine même s'ils sont vaccinées. En manque de personnel, de plus en plus d'entreprises ralentissent la production ou ferment.

A trop vouloir bien faire, les Anglais se retrouvent dans une situation alarmante. Avec la fin des restrictions lundi 19 juillet, surnommé "Freedom Day", l'appli "NHS Test and Trace" -l'équivalent de notre "Tous Anti Covid"- est devenu incontournable pour aller dans des pubs, boites de nuit, au restaurant ou pour aller travailler.

Les personnes, vaccinées ou non, ayant été à moins de deux mètres et pendant plus de 15 minutes d'un cas de Covid-19 reçoit un "Ping" et doit alors s'isoler pendant dix jours, y compris les personnes vaccinées. Des millions de "ping" ont été envoyées en seulement quelques jours mettant à l'isolement 2 millions de personnes. A ce rythme, selon le Guardian, sur les 6 prochaines semaines, 10 millions de personnes devront rester chez elles. Une véritable "Pingdémic", contraction de ping et pandemic, terme désormais utilisé par la presse britannique.

L'économie fait face à une réelle menace. L'absence des salariés dans les usines et les commerces a des conséquences phénoménales. De nombreuses entreprises ferment ou tentent de se réorganiser faute de personnel. La chaîne de pubs "Greene King", fondée en 1799, a féjà fermé 33 de 442 ses établissements rapporte le London News Today. Le journal indique aussi que PureGym, une chaîne de club de remise en forme a déclaré que plus de 25% de son personnel est en quarantaine. Ces clubs sont contraints d'accueillir moins de monde ou à d'en fermer certains.

Pénurie de travailleurs

L'industrie est également durement touchée par cette "Pingdemic". Sur le site de Sunderland de Nissan, qui compte plus de 6000 employés, une centaine de personnes sont manquantes. L'usine a été contrainte de modifier ses lignes de production pour continuer à tourner tant bien que mal. Idem sur les sites de de Rolls-Royce.

Plymouth Manufacturers Group (PMG), spécialistes de l'ingénierie mécanique (aéronautique, naval, terrestre) qui représente une soixantaine de constructeurs et emploie 12.000 salariés craint une fermeture définitive de certaines activités.

"Nous faisons pression sur le gouvernement par l'intermédiaire des élus locaux et des bureaux de 'Make UK' pour assouplir les règles sanitaires et pour que l'appli NHS ne soit pas si aveugle", a déclaré à Business Live Steve Gerry, secrétaire général et trésorier du PMG. "Sinon, la production pourrait être affectée définitivement".

Le message a été entendu par Boris Johnson, lui-même en quarantaine. Le "Prime Minister" a annoncé une exemption dès le 16 août de la quarantaine pour les salariés des activités stratégiques (eau, l'électricité, transport, santé...) et pour les personnes vaccinées.

Trop tard, a réagi Karan Bilimoria, président du CBI, la principale organisation patronale britannique et président de Cobra Beer Partnership Limited. Il appelle à un changement urgent des règles, comme le rapporte Le Monde. "Il faut le faire dès aujourd’hui. Cette pénurie de travailleurs paralyse l'économie, il faut agir vite".

En attendant, la population prend les devant en désactivant purement et simplement l'appli NHS, seul moyen d'éviter la Pingdémie.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco