Alstom négocie sa sortie de Russie auprès de quatre oligarques

Après Société Générale et bientôt Renault, c’est au tour d’Alstom de préparer sa sortie définitive de Russie. Alstom a déjà annoncé début mars la suspension de ses investissements en Russie. Selon plusieurs sources proches du groupe, il discute désormais de la vente de sa part de 20% dans son homologue russe Transmashholding (TMH).
Sa participation est évaluée à 482 millions d’euros dans ses comptes et devrait être totalement dépréciée lors de la publication des résultats annuels ce mercredi. Contactée, la direction d’Alstom rappelle que cette participation est "passive et financière", sous-entendant qu’elle n’a pas vocation à être conservée.
Alstom discute avec les autres actionnaires, majoritaires, de TMH. Il s’agit de quatre investisseurs privés russes: Dmitry Komissarov, Kirill Lipa, Iskander Makhmudov et Andrey Bokarev. Ce dernier était président de TMH, mais a dû démissionner il y a deux semaines. Le Royaume-Uni l’a placé sur leur liste noire des oligarques russes visés par les sanctions suite à la guerre en Ukraine. Un autre actionnaire de TMH, Iskander Makhmudov est lui aussi dans le viseur des occidentaux, mais échappe pour le moment à des sanctions.
Quel prix de vente?
Ces quatre actionnaires sont les seuls à pouvoir racheter la part d’Alstom ce qui "ne facilite pas les négociations", reconnait un cadre du groupe français. La direction espère en retirer toutefois une petite centaine de millions d’euros car TMH est basée à Chypre, et non en Russie, ce qui est un moindre mal pour valoriser sa participation.
La relation entre Alstom et TMH n’a jamais vraiment fonctionné. Le groupe français en est devenu actionnaire en 2010, espérant vendre des TGV à la Russie. Après la vente de ses activités énergies à General Electric, en 2015, Alstom a envisagé le rachat total de TMH. En 2018, les actionnaires russes ont profité de l’échec du mariage entre Alstom et Siemens pour proposer au Français de lui vendre TMH. Mais ils souhaitaient en échange monter au capital d’Alstom pour en devenir premiers actionnaires. Même si Bouygues était vendeur de sa participation, l’idée n’a pas prospéré.
Malgré sa sortie de Russie, Alstom ne coupera pas tous les ponts avec Transmashholding. Il conservera avec son partenaire une coentreprise au Kazakhstan dont il détient 75% du capital. Une alliance qui risque d’évoluer si les sanctions se durcissent.