Airbus, FDJ, Engie, ADP, Casino d'Aix-les-Bains... L'Etat ne pourrait-il pas vendre ses participations pour boucler son Budget ?

Le gouvernement l'a annoncé ce lundi. L'Etat va bien investir dans le Doliprane. Bpifrance va entrer, à hauteur de 1% à 2%, au capital d'Opella, la branche de santé grand public de Sanofi, et sera présent au conseil d'administration du fabricant. Mais alors que déficit et dette publique atteignent des niveaux records, l'Etat ne devrait-il pas faire le contraire justement et se délester de ses nombreuses participations pour atténuer par exemple le "choc fiscal" ? C'est l'idée suggérée la semaine dernière par Gérald Darmanin.
"L'Etat a des participations évaluées à 150 milliards d'euros, dont 50 milliards dans les sociétés cotées comme Orange, la FDJ, Stellantis ou Engie, a expliqué l'ancien ministre de l'Intérieur dans Les Echos. Il vaudrait mieux vendre ces participations qu'augmenter l'impôt sur les sociétés. L'Etat n'a rien à faire là."
C'est même un peu plus que ça. L'Etat possède en effet 85 participations qui sont valorisées 180 milliards d'euros. Elles sont gérées à Bercy par l'Agence des participations de l'Etat (APE) mais aussi par Bpifrance et la Caisse des dépôts. Les principales sont bien connues : EDF, la SNCF, la RATP, Engie, La Poste, ADP, Airbus, Safran, Thales, la Française des jeux, l'ensemble des ports français, un certain nombre d'aéroports régionaux. Mais aussi des participations plus anecdotiques héritées de l'Histoire comme le Casino d'Aix-les-Bains (73). Globalement, l'Etat est présent dans quatre principaux secteurs d'activité : les transports, l'énergie, la finance et l'industrie.
L'Etat doit-il gérer des centres commerciaux ?
La présence de l'Etat se justifie-t-elle dans toutes ces entreprises ? Si dans l'énergie, alors que le pays relance un grand programme dans le nucléaire, la nationalisation d'EDF peut se comprendre, sa présence dans de nombreuses d'entreprises commerciales, souvent cotées, semble moins de justifier. Renault qui fabrique des voitures, ADP qui au-delà des aéroports est un gestionnaire de centres commerciaux ou encore la Française des jeux ont-elles besoin de l'Etat ?
L'Etat pourrait en théorie s'effacer dans des secteurs qui s'épanouissent dans la concurrence. Comme les télécoms par exemple ou encore les médias. Mais il aurait vocation aussi vocation à s'effacer lorsqu'on est sur un monopole naturel qui peut très bien être géré par un concessionaire privé. C'est le cas sur le marché de l'eau ou des autoroutes.
Si on se place dans une logique financière, on voit que la valeur des participations de l'Etat a fortement progressé ces derniers mois. Les 180 milliards d'euros d'aujourd'hui n'en valaient que 128 milliards il y a 18 mois, soit 52 milliards de moins. Une progression très importante pour le portefeuille de l'Etat qui est même plus forte que le CAC 40 depuis un an et qui rapporte de copieux dividendes aux finances publiques. C'est d'ailleurs le cas cette année pour EDF.
Bercy pas opposé
La tendance de long terme est toutefois à la privatisation et à la sortie de l'Etat dans le capital des entreprises du secteur privé. La loi Pacte prévoyait que l'Etat sorte de la Française des jeux, d'ADP ou encore d'Engie pour un gain estimé à 17 milliards d'euros. Le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, s'est dit ouvert sur le sujet.
"Je ne me suis jamais opposé au débat des cessions de participations de l'Etat", a-t-il indiqué ce lundi sur France Inter.