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Agnès Pannier-Runacher: "L'énergie nucléaire nous protège dans cette flambée des prix"

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Inivitée sur BFM Business, la ministre en charge de l'Industrie assure vouloir ne pas trop tarder pour prendre des décisions concernant le développement de nouvelles centrales nucléaires dans l'Hexagone.

Plus de nucléaire ou moins de nucléaire? Alors que la ministre de la Transition écologique assurait ce mercredi sur BFM Business que la priorité à court et moyen terme était aux énergies renouvelables, sa collègue à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher a montré plus d'enthousiasme pour le nucléaire.

D'abord en vantant le mix français actuel qui permet selon elle de limiter les effets inflationnistes actuels de l'énergie.

"Je reviens de Madrid, la hausse du prix de l'énergie en Espagne est beaucoup plus importante qu'en France, assure la ministre déléguée en charge de l'Industrie. Ca c'est la protection que nous apportent l'Arenh [les tarifs régulés de l'électricité nucléaire] et l'énergie nucléaire qui limitent sur la moitié de notre facture la hausse des prix."

Alors que la France s'est engagée à réduire à 50% la part de l'électricité nucléaire dans le mix énergétique d'ici 2030 (70% aujourd'hui), la ministre assure cependant que le nucléaire doit augmenter en volume.

"Dans un contexte où la production d'électricité va considérablement augmenter, il faut plus de nucléaire et beaucoup plus d'énergies renouvelables, estime Agnès Pannier-Runacher. Aujourd'hui ce mix va dépendre de notre capacité à trouver les bonnes technologies."

Reste que les technologies de demain dans le nucléaire ne sont pas prêtes. L'EPR expérimental de Flamanville (Manche) de devrait pas être lancé avant fin 2022 et la construction d'autres centrales qui utilisent cette technologie à eau pressurisée de troisième génération.

"Pas trop tarder sur les EPR"

L'Etat ira-t-il plus vite en lançant des chantiers EPR avant la mise en route de Flamanville?

"Les EPR ne vont pas être livrées la semaine prochaine, reconnaît la ministre. Un certain nombre d'études doit être rendu d'ici la fin de l'année, ensuite il faut des assurances raisonnables que le projet de Flamanville est en bonne posture (...). C'est une décision qui ne doit pas trop tarder. Il faut la prendre l'année 2022 ou 2023."

Autrement dit l'Etat veut aller vite sur ce dossier. Tout comme sur celui des mini-réacteurs SMR. Le chef de l'Etat a annoncé cette semaine un investissement de 1 milliard d'euros développer ces technologies de nouvelle génération qui ne devraient cependant pas voir le jour avant une décennie.

Mais la ministre en charge de l'industrie espère que le processus pourra être plus rapide.

"Vous avez déjà des équivalents de SMR qui existent, comme le projet Nuward dans lequel nous avons déjà investi, rappelle-t-elle. Pour la prochaine génération, les experts nous disent qu'il faut un pas de temps de 10 ans pour commencer à imaginer de construire mais il y a aussi un enjeu d'accélération du temps sur ces nouvelles technologies. Je vous donne un exemple: le lanceur réutilisable [les fusées SpaceX et Blue Origin], personne n'imaginait qu'il serait sorti en cinq ans."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco