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A Narbonne, les salariés de ce restaurant vont voir leur rémunération augmenter jusqu'à 35%

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Dans l'Aude, les salariés d'un grand restaurant vont bénéficier d'une hausse de 20% ou 35% de leur rémunération, au travers d'une prime d'intéressement.

Alors que l'accord sur une hausse moyenne de 16,33% des salaires de l'hôtellerie-restauration devrait bientôt entrer en vigueur, un restaurant d'Occitanie a décidé d'aller bien au-dessus. Aux Grands Buffets de Narbonne, le personnel va bénéficier d'une augmentation moyenne de 30% de la rémunération. Souvent présenté comme le plus grand restaurant de France, l'établissement accueille 350.000 clients par an et réalise environ 20 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Cette hausse de la rémunération, qui concerne 160 salariés sur 180, a été mûrement réfléchie par son dirigeant, Louis Privat. Au moment où l'hôtellerie-restauration peine à recruter, il assure vouloir garder ses salariés et attirer de nouveaux talents. Car le secteur manque de bras à un niveau jamais vu: des dizaines de milliers de salariés l'ont quitté depuis le début de la crise sanitaire, et il manquerait aujourd'hui 150.000 personnes pour répondre aux besoins des établissements.

"À partir de là s'est posée la question: à quel niveau faut-il rehausser les salaires pour que ce soit réellement attractif et pour qu'on arrive à convaincre ce fameux jeune, qui postulerait sur le marché du travail, à intégrer la filière du restaurant ?", avance Louis Privat à BFMTV.

Prime d'intéressement

Mais une hausse de 30% du salaire chargé, c'est-à-dire le salaire brut auquel s'ajoutent les charges patronales, "ce serait trop lourd" pour l'entreprise, a-t-il expliqué dans une interview à La Tribune. Il a fait le choix d'un autre dispositif pour rehausser la rémunération de ses salariés: ces derniers vont bénéficier d'une prime d'intéressement, de +20% ou de +35%, en fonction de la pénibilité du poste. "Je veux faire effet levier sur les métiers essentiels", assurait-il dans cette même interview.

Concrètement, un salarié qui travaille en journée coupée ou de nuit aura une prime d'intéressement équivalente à une hausse de 35% de sa rémunération nette: le salaire d'une personne qui travaille à l'office, par exemple, va passer de 1485 à 2005 euros net. Un salarié qui travaille en journée continue aura une prime de 20%: le salaire d'un plongeur dans ce restaurant va passer de 1454 euros à 1754 euros net. Cela représente une enveloppe d'un million d'euros par an pour le restaurant.

"Le travail est pénible, on n'a pas de weekend [...]. Une vie de famille, on en a quasiment pas parce que la restauration, c'est énormément de sacrifices", explique à BFMTV une cheffe de rang, qui travaille le midi et le soir et qui va toucher 400 euros net de plus.

Hausse du prix du menu

"C'est une vraie réussite sociale, dans le terme où il y a un vrai dialogue entre la direction du restaurant et les salariés, qui mène aujourd'hui à une augmentation quand même très conséquente du pouvoir d'achat des salariés", souligne le chef pâtissier du restaurant. Mais pour pouvoir augmenter ses salariés, le restaurant va faire grimper de 5 euros le prix de son menu. Le menu, à tarif unique pour un buffet à volonté, va ainsi passer de de 42,90 euros à 47,90 euros à partir du 1er février.

Les clients, eux, semblent prêts à payer. "Ça ne m'empêchera pas de revenir", assure une cliente.

Emma Alonso, Valentin Demay et Jérémy Bruno